Grâce à quelles énergies le monde d’aujourd’hui change-t-il ?

Les mines de charbon, c’est vraiment du passé ? (Je ne trouve que des photos en noir et blanc)

On a vu à quel point les énergies fossiles ont été importantes dans la construction de notre monde, monde appelé « moderne » justement depuis qu’on sait utiliser efficacement ces énergies. Le « progrès » a commencé avec le charbon en Angleterre, puis il s’est rapidement propagé en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord, avec l’utilisation du gaz, du pétrole et (toujours !) du charbon. Mais quand on entend parler du charbon en France, on se dit que ça fait parti du passé. C’est vrai, notre dernière mine de charbon a fermé il y a fort longtemps, en 1988 ! Et il est aussi vrai qu’on n’importe quasiment pas de charbon en France. C’est donc de l’histoire ancienne chez nous… Alors sur quelle énergie repose le progrès de nos jours ? A-t-on réussi à se passer du charbon ? Et des énergies fossiles en général ?

Des mineurs du Nord-Pas de Calais, à l'époque où la France exploitait encore le charbon | http://www.nordmag.com/
Des mineurs du Nord-Pas de Calais, à l’époque où la France exploitait encore le charbon | http://www.nordmag.com/

Commençons par mettre les pieds dans le plat en disant que dans beaucoup d’autres pays, le charbon n’est pas du tout de l’histoire ancienne, c’est même plutôt de l’histoire très moderne. On parle par exemple souvent de la Chine, qui pollue comme jamais elle ne l’a fait, à cause de ses centrales à charbon.

En quelques mots, une centrale à charbon c’est un peu comme une cocotte-minute géante chauffée… au charbon. Et souvenez-vous, sur vos cocottes-minute se trouve un petit élément qui tourne quand la vapeur s’échappe de la cocotte. Et bien pour une centrale, cet élément qui tourne n’est rien d’autre qu’une dynamo qui produit de l’électricité. En bref, une centrale à charbon permet de transformer du charbon en électricité (et au passage, cela émet beaucoup de CO2 et de particules nocives pour les poumons, que les chinois respirent à longueur de journée). Et remarquez qu’avec ce système de cocotte-minute à dynamo, on peut aussi utiliser du pétrole, du gaz, du bois, de l’uranium, ou tout autre chose qui chauffe, pour produire de l’électricité.

La Chine : un mauvais élève ?

Revenons à nos moutons, comment la Chine en est-elle arrivée en quelques années à être l’un des pays les plus pollueurs du monde ? La Chine a économiquement ouvert ses frontières en 1978, suite à la mort de Mao Zedong, et c’est à partir de là que le pays a commencé à se développer à grande vitesse. Sans trop caricaturer, on peut dire qu’en quelques années la Chine a suivi le même développement que l’Europe l’a fait en 150 ans. La grande majorité de la population était rurale, et se retrouve aujourd’hui dans les usines. L’industrie tourne au charbon, l’électricité est produite au charbon. Pour avoir une idée de la taille de ce phénomène, sachez que pendant la seule année 2013, la Chine a installé une capacité à produire de l’électricité au charbon presqu’aussi grande que la capacité totale des centrales nucléaires françaises (environ 400 TWh, pour les connaisseurs) ! 😯

Pékin par beau temps, ahh ce bon air frais ! | http://www.citylab.com/
Pékin par beau temps, ahh ce bon air frais ! | http://www.citylab.com/
Et les autres pays alors ?

On pourrait se dire que la Chine va se moderniser encore plus et donc arrêter d’utiliser du charbon. En fait l’idée que le charbon n’est pas moderne est une idée fausse qu’on a en France. Chaque pays utilise l’énergie qu’il peut utiliser le plus « facilement » possible. Quand je parle de facilité, je parle sans le dire d’argent (ou plus précisément de « rentabilité économique »). Oui, c’est l’argent qui définit en grande partie ce qui est facile ou non (c’est-à-dire pas cher ou cher) pour un pays, et donc ce qui est bon ou non pour ce pays. En Chine, il y a énormément de charbon facile d’accès (c’est-à-dire peu cher pour eux), et tant que cela sera le cas, la Chine continuera à l’utiliser en priorité.

En France, lorsque nos mines de charbon n’ont plus été suffisantes pour produire l’énergie nécessaire pour la croissance désirée pour notre pays, après la seconde guerre mondiale, il a été décidé de construire des centrales nucléaires (qui ont effectivement vu le jour dans les années 1960). Cela s’est fait comme ça car on sentait que produire de l’électricité serait plus cher, et moins sûr, en faisant venir du charbon d’un autre pays plutôt que de faire venir de l’uranium. Pour tout dire, l’utilisation du nucléaire à base d’uranium était aussi un choix stratégique, car la France importait déjà de l’uranium pour fabriquer des bombes.

La Pologne, de son côté, a suffisamment de charbon sur son territoire, si bien qu’elle a toujours utilisé cette énergie pour produire son électricité. Ainsi, là-bas, prendre le train pollue plus que prendre le bus, car l’électricité qui permet au train de rouler est produite avec du charbon, ce qui, au total, pollue plus que le pétrole qui fait rouler le bus. De même, dans ce pays, la voiture électrique pollue plus que la voiture à pétrole 😯 .

La centrale au charbon de Bełchatów en Pologne | Wikipédia
La centrale au charbon de Bełchatów (avec un nom pareil, c’est forcément en Pologne) | Wikipédia

Quant à l’Allemagne, elle a elle-aussi toujours conservé le charbon, abondant chez elle, tout en développant un peu de nucléaire. Suite au tsunami sur la centrale de Fukushima, une décision politique a été prise d’arrêter rapidement le nucléaire en Allemagne. Pour compenser cette énergie en moins, l’Allemagne a développé les énergies renouvelables, principalement le photovoltaïque et l’éolien, mais a aussi ouvert de nouvelles centrales au charbon et au gaz (je reviendrai dans un prochain article sur ces fameuses énergies renouvelables, leurs forces et leurs faiblesses).

Comment les pays choisissent-ils leur énergie ?

En résumé, la manière dont les pays choisissent quelles énergies ils vont utiliser dépend de ce que cela va leur coûter, en fonction de ce qu’ils ont déjà chez eux, et en fonction du prix que leur fera payer le pays auquel ils achèteront l’énergie manquante. Sur ce dernier point, le prix, cela se complique. Le prix dépend de si le pays qui nous vend l’énergie est notre ami, mais aussi de la quantité de cette énergie que veulent les autres pays par rapport à la quantité qu’on est capable de produire dans le monde. Par exemple, la quantité de pétrole qu’a pu obtenir l’Europe baisse depuis 2006, car la Chine, l’Inde, et les autres pays qui se développent rapidement en prennent une part de plus en plus grande 😕 . Enfin, les choix énergétiques d’un pays dépendent aussi, mais de plus en plus rarement, de décisions politiques en fonction de ce que les gens pensent dans le pays (comme en Allemagne, où la population a considéré que le nucléaire était moins bon pour la société que les énergies mises en place pour le remplacer)  ou des intérêts stratégiques du pays (comme le nucléaire en France et aux Etats-Unis, historiquement lié à la bombe atomique).

Encore faut-il avoir le choix de l’énergie qu’on utilise ! Toutes les sources d’énergie ne sont pas équivalentes et ne s’utilisent pas de la même manière. En décrivant l’histoire de la révolution industrielle, on a déjà vu que le charbon ne pouvait pas être utilisé dans de petits moteurs mobiles comme ceux des voitures. Ces dernières se sont développés grâce au pétrole et au gaz. Donc pas de charbon pour faire rouler les voitures ! Ni pour faire voler les avions d’ailleurs. Les pays qui ont du charbon le réservent pour produire de l’électricité, tandis que les pays qui n’ont que du pétrole font rouler leur voiture au pétrole, et en utilisent aussi pour produire de l’électricité (c’est le cas de l’Arabie Saoudite). L’utilisation qu’on veut faire de l’énergie est donc importante dans le choix de l’énergie qu’on achète : avec du pétrole je peux quasiment tout faire, alors qu’avec du charbon je ne peux guère que faire de l’électricité (ou produire de l’acier, mais cela ne fait pas parti des énergies).

Une autre contrainte qui intervient dans le choix des énergies, c’est la facilité qu’on a à les transporter. Le pétrole se transporte facilement par giga-bateaux (les « supertankers »), ou par pipeline. C’est donc une énergie internationale, puisqu’il circule aussi bien sur terre que sur mer. Ainsi, la France achète son pétrole aussi bien à l’Afrique qu’à la Russie, ou qu’au Moyen-Orient. Le gaz est moins pratique à transporter : autant le transport est assez facile par pipeline (qu’on appelle un « gazoduc » pour le gaz), autant par bateau c’est plus compliqué, car il faut liquéfier le gaz (qu’on appelle alors du GNL, Gaz Naturel Liquéfié) pour que le bateau puisse en transporter assez (le gaz prend trop de place à l’état gazeux). Le gaz est donc plus « régional ». Par exemple, celui acheté par la France vient principalement de la mer du Nord, de la Russie, et de la Hollande, mais pas des États-Unis. Quant au charbon, il se transporte beaucoup moins, car il est moins dense en énergie, et ne circule pas facilement sur terre (et non, on n’a pas encore inventé le pipeline à charbon), si bien qu’on préfère transporter le gaz et le pétrole plutôt que le charbon. Depuis la fermeture des mines en France, notre pays n’utilise presque plus de charbon. Pour les plus motivés (et c’est en anglais), voici un schéma qui résume comment sont utilisées les différentes énergies aux Etats-Unis (mais cela illustre bien comment on utilise les énergies dans le monde).

Un cadeau surprise pour le premier qui trouve le supertanker dans cette image !
Un cadeau surprise pour le premier qui trouve le supertanker dans cette image !

Ça donne quoi au niveau mondial ?

Tout cela ne nous dit pas quel est le bilan au niveau mondial. Qui va gagner entre le Vieux Roi Charbonium, Pétrolosaurus Rex, Atomic Man et Gazy L’Impératrice ? Roulement de tambour, tadaaa :

Consommation mondiale d'énergie, répartie en type d'énergie primaire : énergies fossiles en force !! | http://www.tsp-data-portal.org/
Consommation mondiale d’énergie primaire. En rouge le pétrole, en gris le charbon, en vert le gaz, en jaune le nucléaire, et le reste représente les renouvelables. Energies fossiles en force !! | http://www.tsp-data-portal.org/

Est-ce une surprise ? On s’aperçoit que le pétrole, le charbon, et le gaz, sont loin devant tous les autres énergies : loin devant le nucléaire (Atomic Man est battu à plate couture), et aussi devant toutes les énergies renouvelables dont on nous parle tant dans les journaux !

Pourquoi parle-t-on tant des énergies renouvelables et du nucléaire alors qu’en vérité ils ne représentent rien ?

Il faut que ça bouge pour qu’on en parle !

Mon interprétation serait qu’on parle du nucléaire et des énergies renouvelables car il y a du mouvement à leur sujet, ça bouge : suite à Fukushima, l’Allemagne a subitement décidé d’arrêter le nucléaire, alors on en parle et on se demande s’il faudrait faire pareil en France. Quant aux énergies renouvelables, on en entend parler car l’Europe veut en mettre le plus possible dans sa production d’électricité. On voit par conséquent que certains pays européens (dont la France) mettent des éoliennes alors qu’avant ils n’en avaient pas. Bref, on parle de ce qui change, de ce qui bouge, et de ce qui est proche de nous. Parler de ce qui existe déjà, ce n’est pas une « nouvelle », donc ça passe mal au JT ou dans les journaux (la famine en Afrique, c’est important, mais ce n’est pas nouveau, contrairement à Nabilla qui poignarde son copain). Et parler de ce qui est loin de nous, ça ne fait pas d’audimat, car les gens s’intéressent surtout, et c’est humain, à ce qui peut leur servir directement dans la vie (un dangereux tueur en Argentine ne fait pas le même effet dans les journaux que le même tueur à Paris ! Et Nabilla, ou le foot, ça fait de très bons sujets de conversations avec les copains 😉 ).

C’est un sujet tellement important que ça fait peur !

Mais au final, si on va un peu plus loin, on s’aperçoit que personne ne parle du pétrole peut-être aussi parce qu’il reste irremplaçable dans les transports (il y a bien sûr les voitures électriques, mais elles sont encore trop chères pour pouvoir remplacer les voitures au pétrole. On parlera aussi plus tard d’autres problèmes sérieux concernant la voiture électrique, qui laissent penser que l’électricité ne remplacera pas le pétrole facilement), et donc rien ne change à son sujet : tout le monde en consomme toujours autant et en a toujours autant besoin. Seul son prix varie, et c’est de cela qu’on parle un peu au sujet du pétrole.

Personne ne parle du charbon non plus car il n’y en a plus chez nous et ça, ça ne change pas. On en entend parfois parler avec la pollution en Chine, ou l’arrêt du nucléaire en Allemagne, mais c’est assez loin de nous, alors ça ne va pas plus loin. Et enfin, on parle très peu du gaz, malgré la relation entre l’Europe et la Russie, qui repose en grande partie sur le gaz que l’Europe achète à la Russie.

Le sujet des énergies fossiles est tellement important d’un point de vue géopolitique que c’en est un sujet très sensible et délicat à traiter. Et oui, ces énergies représentent plus de 90% de l’énergie consommée dans le monde, et on sent bien que la bonne santé de l’économie, et donc de nos emplois et de notre pouvoir d’achat en dépend grandement ! Les informations à ce sujet peuvent donc être de mauvaises nouvelles pour notre économie, ce dont les grands journaux n’aiment pas trop parler. Avez-vous entendu parler de ce contrat d’achat de gaz par la Chine à la Russie, d’une valeur de 400 milliards de dollars, pour les 30 prochaines années ? 😯 C’est une information très importante, mais aussi très délicate à traiter, car elle concerne notre relation avec la Russie et notre consommation de gaz à tous.

Et oui la Russie fournit 44% de notre gaz européen, vaudrait mieux pas que Poutine ferme le robinet !
Et oui la Russie fournit 44% de notre gaz européen, vaudrait mieux pas que Poutine ferme le robinet ! | http://euromaidanpress.com/

L’utilisation de l’énergie dans le monde est toujours essentiellement basée sur les énergies fossiles, comme au début de la révolution industrielle. On en parle peu, on n’en débat pas, car on a l’impression que le sujet des énergies fossiles ne bouge pas vraiment, et car au fond lorsqu’on commence à y réfléchir, cela fait un peu peur. Cela pose évidemment plusieurs problèmes, qui m’ont d’ailleurs motivé à commencer ce blog : les énergies fossiles ne sont pas renouvelables, et il arrivera un jour où on en aura de moins en moins (ce qui est déjà le cas pour le pétrole et le gaz en Europe par exemple) ; l’utilisation de ces énergies émet du CO2, ce qui dérègle notre climat ; et enfin, les quantités utilisées sont telles que les remplacer par d’autres énergies est une mission impossible à laquelle il faut s’attaquer au plus vite (et pas sûr que Tom Cruise puisse nous aider pour celle-ci…).

Vous trouvez que le monde change vite vous ?

Vous vous êtes sûrement déjà demandé pourquoi le monde était plein de voitures, de camions, de smartphones, d’ordinateurs, de machines à laver, ou d’avions… Pas vrai ? Vous vous êtes aussi peut-être déjà demandé pourquoi tant de gens mangent de la viande à tous les repas, pourquoi les gens s’achètent en moyenne 5 paires de chaussures chaque année, et pourquoi à Noël on reçoit tant de jouets électroniques. Quand j’en parlais avec mes grands-parents, j’étais ébahi de voir que eux, ou leurs parents, quand ils étaient petits, mangeaient de la viande seulement pour les grandes occasions, recevaient des oranges pour Noël, et gardaient leur paire de sabots le plus longtemps possible. A l’époque je me disais que c’était parce que mes grands-parents étaient vraiment très vieux, et avaient donc vécu à une époque très lointaine. Mais maintenant je réalise que ce n’était pas il y a si longtemps que ça. Comment est-il possible que le monde ait changé aussi vite ? 😯

Avant, le monde était un peu « mou »

Mon grand-père m’expliquait que c’était le « progrès ». D’après lui, le progrès était quelque chose de naturel, qui arrivait grâce au génie humain, et qui continuerait à l’infini. Cool la vie quoi ! Mais quand j’ai regardé par moi-même de plus près comment le progrès avait débuté, je me suis aperçu que c’était beaucoup grâce… au charbon ! Bien sûr, et c’est là-dessus que mon grand-père avait un peu raison, l’intelligence humaine a été capable de trouver quoi faire avec ce charbon.

Au début de cette histoire (en 1700), les anglais se chauffaient déjà avec du charbon, mais ils n’en faisaient pas grand-chose de plus. Ils exploitaient le charbon en surface, mais petit à petit ce charbon facile à récupérer commença à manquer en Angleterre. Alors des mines de plus en plus profondes furent creusées. Le problème, c’est que plus elles étaient profondes, plus elles se faisaient inonder par l’eau souterraine. Le tout début du « progrès », ça a en fait été l’invention d’une pompe très basique qui fonctionnait au charbon, et qui servait à vider l’eau des mines. Cette invention est arrivée en 1711 (si vous voulez vous la raconter avec les dates).  Le génie de celui qui a inventé ça a été de trouver un moyen de faire bosser du charbon… à sa place ! 😎 Bon ce n’est pas tout à fait vrai : les mineurs faisaient plutôt travailler des chevaux à leur place pour remonter l’eau, à l’aide de roues à eau. La pompe remplaçait donc les chevaux. D’autres mines voulurent la même chose, si bien que 75 pompes furent installées les cinquante années suivantes (pas très rapide tout ça…).

Comment le monde s’est repris en main (parce que c’est pas bien d’être mou comme ça !)

Evidemment, des gens intelligents ont amélioré la pompe, et d’autres gens intelligents ont trouvé que cette pompe améliorée irait bien avec des roues, et pour que tout ça roule, ils mirent leur invention sur des rails. Cette invention (le premier train) servait à transporter le charbon dans les mines (comme le train de la mine à Disneyland Paris !). Et c’est à partir de ce moment (1803) que tout s’est accéléré. Des rails ont commencé à fleurir hors des mines (non non, pas tous seuls : il a d’abord fallu trouver assez de fer, et de charbon pour fondre le fer et le transformer en rails et en trains). Des gens ont trouvé comment rendre le fer plus résistant, en lui insufflant de l’air brûlant qui passe d’abord dans du charbon (ce qui utilise encore plus de charbon). Puis d’autres gens ont commencé à utiliser le gaz, qu’on trouvait aussi dans les mines de charbon, et qui brûlait très bien. Ils s’en servirent comme carburant pour des moteurs avec des roues, mais qu’ils mettaient sur les chemins cette fois-ci  : la voiture était inventée. Comme le gaz explose, il dégage plus d’énergie et ça permet de faire des moteurs plus petits qui vont sur les chemins et qui sont moins lourds que les grosses locomotives au charbon. Et enfin, d’autres gens se sont aperçu qu’on pouvait aussi utiliser du pétrole dans le même genre de moteurs. Le pétrole était déjà connu à l’époque, mais il servait juste à s’éclairer, dans les lampes à pétrole.

C’est à peu près à la même époque qu’on a commencé à produire de l’électricité. Là encore, le charbon était dans le coup, puisque c’est en le brûlant qu’on faisait tourner les dynamos géantes qui produisaient l’électricité. Bref, on a bau dire que le génie humain a tout fait, il faut quand même rendre un bel hommage à notre ami le charbon, qui nous a filé un bon coup de pouce ! 😉

Le charbon est encore notre ami, on a toujours besoin de lui ! Ici, c'est une mine en Allemagne.
Le charbon est encore notre ami, on a toujours besoin de lui ! Ici, c’est une mine en Allemagne. Regardez le petit bulldozer tout mignon à côté de cette machine !

Le monde change de plus en plus vite !

Alors qu’a-t-on fait de tout ça ? Et bien la première chose, c’est que les agriculteurs qui bêchaient à la main ou à l’aide de leurs bœufs et de leur charrue ont pu les remplacer par des charrues qui fonctionnaient au pétrole (des tracteurs, des moissonneuses-batteuses…). Et là, comme par magie, il y avait trop d’agriculteurs ! Il faut dire qu’à l’époque, deux personnes sur trois travaillaient dans les champs. Avec l’aide du pétrole qui permettait d’aller beaucoup plus vite qu’avec les bœufs, un fermier suffisait pour un grand champ alors qu’auparavant il en fallait plusieurs, et avec leurs bœufs. Petit à petit, quasiment tout le monde arrêta le travail agricole et alla vivre dans les villes. Ces gens se mirent à travailler dans les usines qui produisaient les voitures, mais aussi les habits, et de plus en plus d’objets de la vie de tous les jours : aujourd’hui, seul un français sur trente travaille aux champs ! Bien sûr, les usines fonctionnaient avec de l’électricité produite au charbon, ou bien les machines fonctionnaient directement avec du charbon.

Les villes ont grossi avec l’arrivée de ceux qui n’étaient plus au champ, les usines accueillaient de plus en plus de monde. Il fallait des personnes pour réfléchir à comment coordonner tout ça, à comment améliorer le fonctionnement des usines, à comment mieux concevoir les objets produits etc. Il fallait aussi des gens pour vendre tout les nouveaux produits, pour en faire la pub, pour en faire les emballages,et  pour prêter de l’argent à tous ceux qui voulaient se lancer dans un business… En bref, le charbon a permis de faire passer les gens des champs au bureau ! Si c’est pas un changement énorme ça ! 😯

Ci-dessous un petit résumé en 20s de tous les changements du monde :

Alors, c’est grâce à qui tout ça ?

Comme vous l’avez compris, toutes ces avancées au cours de l’Histoire ont nécessité beaucoup de charbon pour construire les bâtiments, les routes, toutes les machines, puis toutes les usines, les magasins, les camions, etc, qui nous permettent d’avoir beaucoup de services et de consommer beaucoup. Il faut aussi de l’énergie pour alimenter toutes ces machines, ces bâtiments, etc, au jour le jour. Cette énergie venait du charbon au départ, puis de plus en plus du pétrole (pour faire rouler les voitures et voler les avions) et du gaz (pour faire de l’électricité). Ce trio magique (charbon, gaz, pétrole), on les appelle « les énergies fossiles », car ils sont formés à partir d’êtres vivants des temps anciens qui sont morts et se sont décomposés et transformés d’une manière particulière, comme des fossiles.  Sans ces énergies, nous en serions toujours à bêcher nos champs à la force de nos bras et de nos boeufs, et à nous chauffer au bois !

La magie du charbon, du gaz, et du pétrole, c’est qu’ils donnent beaucoup d’énergie en comparaison à ce qu’on avait avant, et, en plus, il la donnent plus vite. Pour bien se rendre compte de l’énergie qu’ils contiennent, il faut se dire qu’un litre de pétrole permet à nos voitures de parcourir en gros 20 km. Oui oui, une bouteille de 1L de pétrole permet de remplacer un type qui pousse une voiture sur 20 km ! Plutôt efficace hein ? 😯 On dit que ces énergies sont très « concentrées » (c’est-à-dire qu’une petite quantité de charbon, de gaz, ou de pétrole, donne beaucoup d’énergie). C’est grâce à cela qu’on a pu imaginer des machines qui les utilisaient, et qui étaient bien plus fortes que les hommes. Ces énergies ont ainsi progressivement remplacé les hommes et les animaux dans l’agriculture, dans le transport, et dans les usines. Elles ont aussi permis de remplacer les femmes dans les foyers, grâce à la machine à laver, et aux robots ménagers de tous types. Et la liste des changements qui sont arrivés grâce aux énergies fossiles est sans fin.  Certains font même l’hypothèse que l’esclavage a été aboli en Europe et aux Etats-Unis (entre 1815 et 1865) parce que ce n’était plus rentable face aux énergies fossiles ! Presque tout dans notre monde moderne a été façonné par les énergies fossiles, et presque tout a besoin d’elles pour fonctionner.

Un tracteur à Cuba, pays en manque de pétrole à cause de l'embargo américain...
Un tracteur à Cuba, pays en manque de pétrole à cause de l’embargo américain… Faut faire travailler les muscles !

Au final, si on regarde qui bosse vraiment pour créer du « progrès », on s’aperçoit que c’est beaucoup le charbon et les autres énergies fossiles. D’ailleurs, en science, dès que quelque chose change, on dit que de l’énergie a circulé, et c’est d’ailleurs comme ça qu’on définit l’énergie : l’énergie, c’est ce qui circule quand on observe un changement. Par exemple, quand je roule sur mon vélo, mon vélo et moi changeons d’endroit. C’est en fait l’énergie des aliments que j’ai mangé et l’énergie de l’air que je respire qui se transforme en énergie musculaire, puis en vitesse. L’énergie circule donc des aliments et de l’air, vers mes muscles, puis dans le vélo.

Le génie humain est finalement là pour trouver comment faire des changements autour de nous, mais en utilisant autre chose que l’énergie de nos propres muscles. Le génie a donc libéré du temps à ceux qui faisaient travailler leurs muscles toute la journée… par exemple pour qu’ils (et elles) finissent devant un ordinateur ! Est-ce du progrès, comme le disait mon grand-père ? Ceci est une vaste question philosophique, sur laquelle vous aurez sûrement votre propre avis 😉

Introduction à la psychologie du climat (Waa le titre stylé)

Hé, t’as compris la partie sur Le Climat toi ? :roll:

Suite à la lecture des articles sur le climat, je vous propose une petite pause, parce qu’on a fait un grand pas : il n’est pas donné à tout le monde de faire le lien entre acheter un iPhone (ou manger du bœuf) et le dérèglement climatique 😉 . En fait, la partie climat de ce blog nous a fait prendre conscience de certaines conséquences de nos comportements. Et ça, je pense vraiment que ça nous rend un peu plus libre (et c’est aussi pour ça que j’écris pour vous 😉 ) ! Cette idée de liberté me paraît importante, et voici comment je l’expliquerais à l’aide d’un exemple de la vie de tous les jours :

Imaginons que j’aime beaucoup embêter le gros Bobby à la récré, mais qu’à la fin de la récré, il me casse toujours les dents parce qu’il en a marre. Si je n’arrive pas à comprendre le lien entre l’action  d’embêter Bobby et le fait de me faire casser les dents, et bien je n’arrive pas à me retenir d’embêter le gros Bobby… et je me fais encore casser les dents (et mon dentiste se frotte les mains). Par contre dès que je fais le lien entre les deux évènements (Eurêka ! 💡 ), alors je peux décider de me retenir et de ne plus manger mes dents à la récré.

Faut pas embêter Bobby !
Faut pas embêter Bobby !

Eurêka !!

Même si un lien existe entre nos comportements (embêter Bobby) et leurs conséquences (aïe mes dents !), il n’est pas sûr qu’on comprenne ce lien. On peut ne pas le voir, ne pas le ressentir, bref, ne pas comprendre la situation.

L’expérience…

Dans le cas de Bobby, il est facile de comprendre qu’il se venge car je l’ai embêté. Mais ma capacité à faire ce lien dépend clairement de si Bobby me casse les dents à chaque fois que je l’embête ou non (si à chaque fois que je l’embête il me frappe, je vais vite comprendre), et de s’il me casse régulièrement les dents sans que je ne lui ai rien fait (ba oui, s’il me frappe que je l’embête ou pas, je ne vais pas me dire que c’est le fait de l’embêter qui le mène à me frapper 😕 ). Faire le lien dépend aussi du temps qui s’écoule entre le jour où j’embête Bobby et le jour où il se venge (s’il attend l’année suivante pour se venger, j’ai vraiment du mal à me souvenir que c’est parce que je l’avais embêté l’année précédente !). Ces deux facteurs (la probabilité que la conséquence de mon action se produise, et le temps qui s’écoule entre mon action et ses conséquences) sont valables pour tous les êtres humains, et tous les animaux. Ce sont deux facteurs universels pour expliquer comment les animaux font le lien entre leurs actions et les conséquences de leurs actions.

Ce lien entre action et conséquence, c’est exactement ça qu’on appelle le « lien de causalité », ou le « lien de cause à effet » ! Si, quand j’embête Bobby, la probabilité qu’il me casse les dents peu de temps après, augmente (bien sûr, comparé à si je ne lui avais rien fait de spécial), alors mes neurones « se connectent », et je fais un lien entre les deux événements. Un scientifique dirait qu’il y a un lien de causalité entre les deux, et moi je dirais « J’ai compris ! 😎 ». On peut même ajouter que j’ai compris par mon expérience personnelle, car c’est moi qui me suis pris les coups !

…Ou l’éducation

Pour réussir à comprendre ce lien, on peut aussi se le faire expliquer par quelqu’un d’autre qui l’a déjà compris. Par exemple, mon copain de récré Kévin peut m’avertir que la dernière fois qu’il a embêté Bobby il s’est pris une raclée. Il peut aussi m’avertir par écrit, avec une subtile boulette de papier en cours de maths. Ou encore, il peut l’écrire sur son blog (et oui, je m’inspire de mon pote d’enfance Kévin, quand je me lance dans un article 😉 ) ! Ainsi, dans ce blog, j’espère au moins vous apporter la liberté de révéler certains liens entre nos comportements et leurs conséquences. Parfois, ces liens sont lointains, difficilement visibles au premier coup d’œil, et pourtant ils ont une grande importance pour notre futur ! Quand j’ai compris un lien grâce à quelqu’un d’autre (par l’oral ou par l’écrit), je dis que j’ai compris par l’éducation, et donc sans me prendre les coups :) .

http://www.tnooz.com/article/where-do-travel-startup-ideas-come-from/
J’étais mimi à l’époque, quand je comprenais quelque chose ! :)

Les adultes responsables…

Quand j’étais gamin et que j’embêtais Bobby, les adultes disaient que je n’avais pas une conduite très responsable. Forcément, c’était parce que je n’avais pas bien compris la conséquence de cet acte ! Les adultes, très sages (et la loi) disent qu’on est responsable quand, justement, on comprend les conséquences de nos actes, et donc qu’on a la liberté de choisir quoi faire en sachant ce que cela va produire. Parfois, nos choix sont difficiles à prendre. C’est le cas du choix que nous avons concernant le climat : continuer de consommer du bœuf, de prendre l’avion, ou bien avoir un climat sympathique dans le futur ? Dans cette situation là, les sages adultes répondent calmement « Il faut que tu te fixes des priorités, si tu veux réussir dans ta vie : qu’est-ce qui est plus important pour toi ? ». Et oui, après nous avoir responsabilisé, les sages adultes vont encore plus loin en nous poussant à aller vers la bonne décision pour nous sur le long terme. Même si nous avons compris le lien entre nos comportements et leurs conséquences, il n’est pas si facile de faire le meilleur choix pour le long terme. Les prochains articles parleront de ce palpitant dilemme !