Humains et pigeons, même combat ?

Quand on parle de projets à long terme comme trouver un travail, réussir ses études, créer son entreprise, courir un marathon, ou devenir expert en danse bretonne, on s’aperçoit que ça s’accompagne presque toujours de difficiles efforts à faire. Certains parlent même de sacrifice, comme s’ils perdaient une partie de leur vie (genre, perdre leurs amis) pour en réussir une autre (genre, réussir leurs études) ! Lorsqu’on réussit de tels projets, c’est avant tout qu’on a fait les choix qu’il fallait au jour le jour, c’est-à-dire qu’on a adopté le mode de vie qui permettait d’atteindre notre but (et pas sûr que perdre ses amis soit un bon choix 😉 ).

Nous avons déjà vu que si on veut faire le bon choix, il faut d’abord qu’on ait bien compris à quoi nous mène chaque choix possible. Si par exemple j’hésite entre la glace au chocolat et celle à la physalis, mais que je ne sais pas ce qu’est la physalis, et bien je ne peux pas savoir si je fais le bon choix avec le chocolat ! Mais au-delà de connaître les conséquences de ses choix, il faut aussi avoir une bonne dose de « self-control », comme disent les chercheurs en psychologie, pour résister aux divertissements de tous les jours qui nous écartent du chemin qu’on veut suivre.

Je réponds avant que vous ne me demandiez : c'est ça un physalis ;)
Je réponds avant que vous ne me demandiez : c’est ça un physalis 😉 | www.supernourriture.fr

Le choix de base : graines, ou miettes ?

Il existe tout un pan de la psychologie qui étudie la manière dont on fait les choix, et comment faire les bons choix (c’est la psychologie du « self-control »). C’est étudié autant chez les humains que chez les animaux, qui eux aussi font des choix, si si. Par exemple, si je mets un pigeon dans une cage avec des graines de maïs et avec des miettes de pain, et que j’attends, je vais voir le choix que fait le pigeon : plutôt les graines, ou plutôt les miettes ? Le mettre dans cette situation, c’est déjà comme lui poser la question finalement. D’ailleurs, si à chaque fois que je le mets dans cette situation il choisit les miettes, je pourrais dire que le pigeon préfère les miettes par rapport aux graines. Et voilà, j’aurais réussi à demander à un pigeon si dans la vie il préfère les miettes ou les graines !

 Un choix plus compliqué

Le choix entre graines et miettes est un choix simple, comme on en fait souvent : des choix entre des activités immédiates de la vie de tous les jours : soit je mange tout de suite la glace au chocolat, soit je mange tout de suite la glace à la vanille, soit je prends un verre d’eau, soit je vais prendre une douche… Ces choix, bien que courants, peuvent s’avérer très compliqués pour certains d’entre nous ! Par exemple si la société nous explique qu’il n’est pas bon pour notre de ligne de manger de la glace, résister à la tentation de la glace peut être un choix très difficile à gérer.

Mais commençons par un dilemme un peu moins compliqué que choisir entre la glace et sa ligne. Prenons un dilemme qui mettrait tout de même en jeu un objectif important pour moi : est-ce que je mets mon réveil pour demain à 6h du mat’, parce que j’ai une montagne de choses à faire le lendemain, ou bien est-ce que je ne mets pas mon réveil du tout ? Généralement, quand les choses à faire le lendemain sont importantes pour moi (par exemple, mon objectif est d’aller acheter les cadeaux de Noël parce qu’on est le 23 décembre, ou bien c’est de réviser pour l’exam que j’ai oublié de réviser mais qui a lieu à 14h… :roll: ), je mets mon réveil. Mais lorsque mon réveil sonne à 6h le lendemain, je me retrouve face à un autre choix : est-ce que je me lève vraiment, ou est-ce que j’éteins mon réveil et me rendors ? Je dis que ces choix sont compliqués, parce qu’on s’aperçoit que parfois, les gens mettent leur réveil, mais le lendemain quand le réveil sonne, ils préfèrent se rendormir ! Ils ont fait un choix la veille (se lever à 6h du mat’), et font le choix contraire le lendemain ! Et on le sent bien : la veille, on est surmotivé pour faire plein de choses dans la journée suivante, mais quand le réveil sonne pour de vrai, pas moyen de se lever, la motivation a disparu !

"Heu, excusez-moi mais je crois que vous vouliez vous lever maintenant :s" | weknowmemes.com
« Heu, excusez-moi mais je crois que vous vouliez vous lever maintenant :s » | weknowmemes.com

Cette situation, les psychologues l’appellent une ambivalence simple. Une ambivalence, c’est quand on hésite et qu’on change d’avis (et du coup c’est quand on n’est pas très cohérent avec nous même, comme par exemple quand je dis à un ami que promi, la semaine prochaine je vais faire un footing dans le froid avec lui, mais que quand le jour-J arrive, j’ai la flemme :roll: ). L’ambivalence simple, c’est lorsque notre avis n’est pas le même en fonction du moment où on se pose la question (la veille au soir : « Oui oui je vais me lever à 6h, juré ! » ; mais le matin à 6h : « Pff, non c’est mort je me lèverai plus tard !» Et oui, on est tous pareil ! 😉 ). Dans l’ambivalence simple, (ne nous voilons pas la face) quand l’activité difficile à faire est lointaine, on dit que oui oui on la fera. Et puis bizarrement, quand il faut la faire là-maintenant, on préfère faire autre chose qui est plus facile. C’est pour ça que l’ambivalence est dite « simple » : on est capable de prédire comment va évoluer la préférence à mesure que le choix se rapproche.

Le « self-control », ou comment contrôler sa vie en faisant les bons choix

Mais qu’est-ce que tout ce blabla a à voir avec le self-control ? Le self-control, c’est justement notre « force intérieure » qui nous permet de faire ce qui est bon pour notre vie sur la durée (sur le « long terme »). Par exemple, tout le monde sait qu’il est bon de faire du sport dans la semaine. Mais quand il faut se bouger pour vraiment aller à la salle de sport, alors là il y a tout de suite moins de monde ! Parmi les gens qui disent : « Oui tu as raison, il faut que je m’inscrive à une salle de sport, ou à un club de sport », ou même parmi les gens qui s’inscrivent vraiment à la salle de sport ou dans le club, et bien certains n’y vont jamais ! Ça c’est de l’ambivalence simple toute crachée, et on pourrait dire que c’est un manque de self-control.

Mais heureusement, il y a Findus, qui arrive avec des super techniques pour se sortir de l’ambivalence simple ! Un petit exemple : imaginons qu’au bout de quelques jours où je n’arrive pas à me réveiller quand mon réveil sonne, ça m’agace, et que le lendemain je veux vraiment me forcer à me lever quand il sonne. Ma technique : mettre mon réveil à l’autre bout de ma chambre. Du coup je sais que ça me forcera à me lever, je n’aurai pas le choix. Et oui, car l’ambivalence simple apparaît quand on a à nouveau le choix au moment de faire l’activité difficile. Avec mon réveil à l’autre bout de la chambre, je ne me laisse plus le choix : je suis forcé de me lever à 6h. En quelques sortes, j’ai fait disparaître l’ambivalence simple. Une autre technique serait de mettre une tapette qui me donne une baffe si je décide d’éteindre mon réveil et de rester dans mon lit. Dans cet exemple, j’ai encore le choix, mais il y a une punition en bonus si je fais le choix de rester dans mon lit… Un peu radical, mais ça marche bien !

Voilà un mécanisme pour être sûr de se lever le matin !
Voilà un mécanisme pour être sûr de se lever le matin !

Le self-control des pigeons (oui oui vous avez bien lu 😛 )

Mais revenons à nos pigeons ! Des chercheurs en psychologie ont pu faire vivre toutes ces situations à des pigeons, pour voir comment ils réagissaient. Evidemment, pas exactement les situations desquelles j’ai parlées, avec la salle de sport ou le réveil, mais des situations psychologiquement identiques.

Dans une première expérience, on met un pigeon (qui a faim) dans une cage avec deux boutons. Le premier bouton donne 2 grammes de nourriture, le second en donne 4. Pas fou, notre pigeon comprend vite, et il choisit le second bouton à tous les coups. Ensuite, pour faire douter notre ami pigeon (gniark gniark gniark), on met des minuteurs sur les boutons : le bouton 1 donne tout de suite les 2 grammes de nourritures, tandis que le bouton 2 donne toujours 4 grammes, mais seulement au bout de 4 s d’attente. Alors, que fait notre ami ? Surprise : il choisit le bouton 1 ! Et oui, il préfère avoir tout de suite la nourriture que de l’attendre 4s. Pourquoi ? Parce que les 2 grammes de nourriture sont immédiats, juste là sous son nez, trop tentants ! Un peu comme si vous étiez affamé et qu’on vous proposait 2 biscuits tout de suite ou 4 biscuits dans 10 minutes… Dur de résister hein? 😉

C'est gagne petit pigeon, tu as droit à tes 4 grammes de nourriture ! | fineartamerica.com
C’est gagné petit pigeon, tu as droit à tes 4 grammes de nourriture ! | fineartamerica.com

Encore plus fort : on change les minuteurs et maintenant il faut attendre 10 s pour avoir les 2 grammes avec le bouton 1, et 14 s pour avoir les 4 grammes avec le bouton 2. Il y a toujours 4 secondes de différences entre les 2 boutons, mais le pigeon repasse sur le bouton 2 ! L’explication, c’est que les 2 grammes n’arrivent que  10 s plus tard, donc ils sont lointains (à l’échelle du pigeon). Le pigeon résiste à leur tentation, et il choisit les 4 grammes dans 14 s. Là, c’est comme si on vous proposait 2 biscuits dans une heure, ou 4 biscuits dans 1h10 : hop, on préfère attendre un peu plus et avoir plus de biscuits !

Et enfin, voici une dernière expérience, quasiment la même que la précédente, sauf qu’on donne le droit au pigeon de changer d’avis au bout de 10 s (les 2 boutons s’illuminent à nouveau, signifiant qu’il peut réappuyer). Et bien devinez ce qu’il fait ! Ce pigeon est exactement comme moi lorsque je mets mon réveil pour le lendemain, mais lorsque la tentation de rester dans mon lit est juste sous mon nez, j’ai du mal à résister ! Et bien le pigeon fait comme nous, il change d’avis : il choisit d’abord le bouton 2, mais après avoir attendu 10 s, il appuie sur le 1 pour avoir 2 grammes de nourriture immédiatement au lieu d’attendre la fin du bouton 2 pour avoir deux fois plus ! S’il avait appuyé directement sur le bouton 1, il aurait eu la même chose, mais là le pigeon choisit d’abord le 2, puis il change d’avis !

Sur ce parchemin antique sont illustrées les expériences menées sur des pigeons d'époque. On peut y voir les différents choix faits par les pigeons (les flèches), entre les 2 boutons. La quantité de nourriture obtenue pour chaque bouton y est illustrée par des rectangles. | The Science of Self-Control
Sur ce parchemin antique sont illustrées les expériences menées sur des pigeons d’époque. On peut y voir les différents choix faits par les pigeons (les flèches), entre les 2 boutons. La quantité de nourriture obtenue pour chaque bouton y est illustrée par des rectangles. | The Science of Self-Control

Dans toutes ces situations, il faut bien voir que l’activité « relou » (se lever à 6h, attendre pour manger 4 grammes de nourriture alors qu’on a faim, aller courir dans le froid…) est motivante car elle est meilleure pour nous sur le long terme. Choisir cette activité plutôt que les activités « cools » (mais moins bonnes pour nous sur le long terme, comme dans nos exemples rester au lit, prendre les 2 grammes de nourriture tout de suite, ou rester devant sa télé au lieu d’aller courir), c’est ce qu’on appelle le self-control.

Le pigeon : un humain ordinaire ?

Figurez-vous que les chercheurs ont testé encore plus loin le self-control des pigeons : dans d’autres expériences, on propose aux pigeons le système de la gifle automatique, pour qu’ils évitent de succomber à la tentation des 2 grammes de nourriture immédiats. En fait on reprend l’expérience du changement d’avis, mais avant le choix, le pigeon fait un premier choix : il peut activer un coup de jus qu’il se prendra s’il change d’avis lors du choix entre les 2 boutons. Et bien les pigeons choisissent cette technique, qui leur met un coup de jus s’ils choisissent le bouton 2, puis qu’ils changent d’avis au bout de 10 s, en appuyant sur le bouton 1 ! Malin, car cela les aide à résister à la tentation de la nourriture immédiate. Par contre, certains pigeons, après les 10 secondes d’attente, appuient quand même sur le bouton 1 et se prennent un coup de jus, tellement la tentation est grande ! Un peu comme si je mettais le système de la gifle si je ne me lève pas quand mon réveil sonne, mais que le lendemain matin, je préfère tout de même rester dans mon lit et me prendre une gifle…

Bref, vous voyez que les animaux ne sont pas si différents de nous, voire même qu’ils pensent presque comme nous ! Cela montre que l’ambivalence simple est profondément ancrée dans nos gênes. D’ailleurs on dit bien « un « tiens ! » vaut mieux que 2 « tu l’auras !» », ce qui illustre notre tendance naturelle à faire comme notre ami pigeon : prendre tout de suite les 2 grammes, même si plus tard on pouvait avoir 4 grammes. Quels enseignements peut-on tirer de notre connaissance sur l’ambivalence simple ? Petit 1, il n’est pas si facile de faire les choix qui seront les bons pour nous sur le long terme, même si on sait quels choix sont les bons. C’est souvent la différence entre ce que je dis que je vais faire, et ce que je fais vraiment. Et petit 2, il existe des astuces pour se forcer à faire les bons choix. J’ai peu parlé de ces astuces, mais j’y reviendrai dans un prochain post, sur l’ambivalence complexe cette fois-ci :) .

C’est quoi l’Inflation ?!

Au palmarès des termes compliqués qu’on entend partout et qu’on n’explique nulle part, l’inflation est sans doute sur le podium !
Et pourtant – comme souvent en économie – derrière ce mot compliqué se cache un concept simple !
Très simple même.

L’inflation, en fait, c’est juste l’augmentation des prix.
Comment cette hausse est-elle calculée ? Par quoi peut-elle être provoquée ? Quelles sont ses conséquences ?
C’est ce que nous allons voir ensemble !

Tous les ans les économistes calculent l’Indice des Prix à la Consommation, ou IPC en abrégé.
Ce chiffre est une sorte de « Prix moyen » national.
Il est évalué de la manière suivante :

  1.  On classe les produits et les services en grandes catégories : habillement, alimentation, logement, transport, communications, éducation, etc.
  2.  On calcule le prix moyen de chaque catégorie de produits.
    Par exemple pour l’habillement on choisit au hasard un grand nombre de modèles de vêtements et de chaussures actuellement en vente et on fait la moyenne de leurs prix.
  3. On donne un « poids » à chaque catégorie, en fonction de l’importance que celle-ci a pour les consommateurs.
    Par exemple le logement comptera davantage que les communications car il représente une part bien plus importante dans le budget moyen d’une personne – en principe on dépense plus en loyer qu’en forfait téléphonique ! -.
  4. On évalue enfin l’IPC en faisant la moyenne des prix des différentes catégories pondérée par l’importance (le « poids ») de ces catégories.
Cadi Super Marché
Pour construire l’Indice des Prix à la Consommation il faut connaître la composition du panier de la ménagère…(Et celle du panier du ménager : pas de sexisme voyons !)

 

Vous êtes toujours là ?! Ok pour l’Indice des Prix à la Consommation ?

Bon et bien l’inflation c’est simplement l’augmentation de l’IPC entre l’année précédente et l’année actuelle. Cette augmentation est exprimée en pourcentage.
Par exemple si l’Indice des Prix à la Consommation était de 100 à la fin de l’année 2013 et est de 102 fin 2014, alors on dira qu’il y a eu une inflation de 2% en 2014.
Pas compliqué hein ?!

Bon maintenant que l’on sait ce qu’est l’inflation, regardons à quoi elle est due !
En fait on distingue deux causes différentes :

  • Cause N°1 : L’augmentation des coûts des entreprises.
    Si le coût de production d’un produit augmente (par exemple parce que les matières premières nécessaires à sa fabrication se mettent à coûter plus cher) alors l’entreprise concernée va devoir augmenter ses prix de vente.
    Lorsque de nombreuses entreprises se retrouvent simultanément dans ce cas (par exemple parce qu’une matière première très utilisée comme le pétrole voit son prix exploser !) alors on aura une augmentation générale du niveau des prix, autrement dit… de l’inflation.

    Hausse du Prix du Pétrole
    Une forte hausse du prix du pétrole peut entraîner une augmentation des prix très importante et très rapide dans l’ensemble de l’économie. C’est ce qu’il s’est passé suite aux chocs pétroliers de 1973 et de 1979.
  • Cause N°2 : L’augmentation de la demande qui s’adresse aux entreprises.
    Si une entreprise voit son nombre de clients augmenter rapidement et qu’elle n’a pas la possibilité d’augmenter assez vite sa production, elle risque de réagir en augmentant ses tarifs. (« Puisque mes produits ont autant de succès, je peux me permettre de les faire payer plus cher ! »)
    Quand de nombreuses entreprises sont dans ce cas simultanément – par exemple si le pouvoir d’achat de l’ensemble de la population augmente rapidement suite à une baisse d’impôt et qu’ainsi tout le monde se met à consommer davantage – alors on risque là-aussi d’assister à une hausse des prix au niveau national…

Ok pour les causes ?
Les conséquences maintenant ! Quand les prix augmentent ça change quoi ?

Tout d’abord, pour les consommateurs, l’inflation correspond à une diminution de pouvoir d’achat.
En effet, à salaire égal, ils peuvent acheter moins de choses puisque tout coûte plus cher.

Ensuite, pour les personnes ayant un emprunt en cours (crédit immobilier, automobile ou autre), l’inflation correspond à un allègement de la dette.
Pour bien comprendre le phénomène prenons un exemple extrême.
Imaginons qu’une personne A emprunte 1000 euros à une personne B pour s’acheter une voiture, et s’engage à les lui rembourser 1 an plus tard.

Lamborghini
Aller hop j’emprunte pour acheter une voiture ! J’avoue, le modèle ci-dessus coûte un peu plus de 1000 euros, mais bon il faut bien envoyer un peu de rêve !

Supposons qu’au bout d’1 an les prix aient explosé, à tel point que 1000 euros correspondent désormais, non plus à la valeur d’une voiture, mais à celle…d’une baguette de pain !!!

Comme promis A rend les 1000 euros à B…sauf que cet argent ne vaut quasiment plus rien…
Autrement dit A a emprunté la valeur d’une voiture…et il rembourse seulement la valeur d’une baguette ! Pratique.
Par contre à l’inverse pour le pauvre B, c’est la ruine…
Donc vous avez compris : quand il y a beaucoup d’inflation c’est une bonne chose pour les emprunteurs et une mauvaise chose pour les prêteurs !

Et voilà comment on rembourse sa voiture ! Merci l’inflation ! (Oui je sais c’est la même photo de baguette que dans l’article sur la croissance, mais qu’est-ce que vous croyez c’est pas parce qu’on parle d’Economie ici qu’on a un budget illimité ! Sans blague, jamais contents ces lecteurs)

Enfin, pour les entreprises qui exportent à l’international, l’inflation correspond à une perte de compétitivité : comme nos produits coutent de plus en plus chers, il devient de plus en plus difficiles de les vendre aux consommateurs étrangers…
Bien sûr ici ça n’est pas notre inflation dans l’absolue qui est importante : c’est la différence entre notre taux inflation et celui de nos partenaire commerciaux.
Ainsi si notre inflation est de 5% par an et celle de l’Angleterre de 4%, alors la compétitivité de nos produits va baisser de 1% chaque année par rapport à celle des produits anglais !

Camembert
Et oui si nos fromages sont de plus en plus chers on va avoir du mal à en vendre toujours autant à l’étranger ! Mais bon d’ici à ce que les anglais nous concurrencent en matière de gastronomie on a quand même le temps de voir venir…

Pour finir il faut savoir que la notion d’inflation a également donné naissance à d’autres concepts dérivés, qui sont également utilisés pour décrire l’évolution des prix. Nous en avons retenu trois.

Nous avons tout d’abord la désinflation. La désinflation c’est le fait d’avoir une inflation de plus en plus faible d’année en année (en gros les prix augmentent toujours, mais de moins en moins vite). Par exemple si un pays a une inflation de 5% en 2013 puis une inflation de 2% en 2014 on dira que ce pays est en désinflation.

Il y aussi la déflation. La déflation c’est le contraire de l’inflation : c’est une diminution générale du niveau des prix dans un pays. Autrement dit ça correspond à une inflation négative ! Par exemple un pays qui a une inflation de -3% en 2014 (les prix y ont diminué de 3% par rapport à 2013) est dit en déflation.

Il y a enfin l’hyper-inflation. Ce terme désigne, comme son nom l’indique, une inflation extrêmement élevée. Tellement élevée que les prix augmentent à une vitesse hallucinante, ce qui déstabilise complètement l’économie concernée. C’est ainsi ce qu’a connu le Zimbabwe en juillet 2008 où l’inflation a atteint…80 milliards %. Oui vous avez bien lu : 80 000 000 000 % d’augmentation des prix en un mois.

A vendor arranges eggs on a new 100 billion Zimbabwean dollar note in Harare
Un billet de 100 000 000 000 dollars zimbabwéens pour acheter….3 œufs.

C’est aussi ce qu’il s’est produit en Allemagne en 1923. Cette année là les prix augmentaient tellement vite qu’au restaurant les tarifs pouvaient varier entre le début et la fin du repas ! Du coup pour payer moins cher les clients prenaient souvent l’addition …avant de manger et pas après !

Voilà vous savez tout (ou presque) sur l’inflation.

A bientôt pour un nouveau post !

C.C.

C’est quoi la Croissance ?!

 

La croissance on nous en parle à longueur d’antenne !
Les politiques la cherchent en vain, les écolos veulent y mettre fin … et souvent nos concitoyens n’y comprennent plus rien !
Alors c’est quoi exactement cette fameuse croissance ?

Pour le comprendre il faut comprendre ce qu’est le PIB. Et pour comprendre ce qu’est le PIB il faut comprendre ce qu’est la valeur ajoutée.
Bon ok dis comme ça c’est un peu les poupées russes, mais vous allez voir ce sera plus clair dans quelques lignes…

La valeur ajoutée d’une entreprise c’est la valeur de ce qu’elle produit moins la valeur de ce qu’elle a eu besoin d’acheter pour produire.

Par exemple si un boulanger vend pour 10 000 euros de pain par an et que pour produire son pain il doit acheter 6000 euros de farine chaque année ; alors sa valeur ajoutée est de 10 000 – 6 000 = 4000 euros par an.

Avant le travail du boulanger…

Cette valeur ajoutée mesure la valeur créée par le boulanger lors de son activité. En effet cette valeur est présente à l’arrivée (dans le prix du pain) mais n’était pas présente au départ (dans le prix de la farine)…c’est donc bien le boulanger qui l’a créée par son travail !

...Et après ! Un peu plus appétissant non ?!
…Et après !
Un peu plus appétissant non ?!

C’est bon pour la valeur ajoutée ?!

Et bien le PIB (Produit Intérieur Brut) d’un pays c’est simplement la somme des valeurs ajoutées créées par toutes les entreprises présentes dans ce pays pendant une période donnée.
Ok ?!
Donc on prend toutes les entreprises installées dans le pays (du petit commerçant à la grande entreprise du CAC 40 – en comptant aussi les fonctionnaires -) ; on calcule la valeur ajoutée de chacune comme pour notre boulanger, on additionne toutes ces valeurs et hop on a le PIB !
En principe la période de temps considérée est l’année donc quand on parle de PIB c’est presque toujours le PIB d’une année : « le PIB de la France valait X euros en 2013 », « Celui de l’Italie valait Y euros en 1985», etc.
Ce PIB mesure donc la richesse totale créée par un pays en une année.

Par exemple en 2013 le PIB de la France valait un peu plus de 2000 milliards d’euros. Ça en fait de la richesse créée en un an !

La richesse totale créée par l'ensemble des français en 2013 était d'environ 2000 milliards d'euros...cocorico !
La richesse totale créée par l’ensemble des français en 2013 était d’environ 2000 milliards d’euros…cocorico !

Et la croissance dans tout ça me direz-vous ?! J’y viens, un peu de patience !

La croissance, c’est la variation de PIB entre l’année précédente et l’année en cours.
Cette variation est exprimée en pourcentage.
Par exemple si en 2012 le PIB de notre pays était de 1 000 Milliards d’euros et qu’en 2013 il est de 1 500 Milliards d’euros, alors cela veut dire que le PIB a augmenté de moitié. Autrement dit de 50%. On dira donc que la croissance est de 50 % en 2013.

(Heu non désolé monsieur Hollande ce ne sont pas les vrais chiffres.En fait c’était juste un exemple…pour nous en ce moment c’est un peu moins flamboyant….)

Pour finir une petite subtilité. La croissance dont je viens de vous parler (variation du PIB annuel en pourcentage) est appelée croissance nominale et, attention, ça n’est pas exactement la croissance dont nous parle la presse. En effet celle-ci nous parle toujours (sans jamais le dire explicitement) de croissance réelle.
Quelle est la différence entre les deux ?
Et bien en fait la croissance nominale présente un petit inconvénient : elle ne tient pas compte de l’évolution des prix.
Quel rapport avec la croissance me direz-vous ?
En fait c’est assez simple à comprendre.

Imaginons un pays qui, en 2012, ait fabriqué 1000 milliards de produits à 1 euro (avec, pour simplifier, un coût de fabrication nul). Son PIB était donc cette année-là de 1000 milliards d’euros.
Imaginons maintenant qu’en 2013 le pays fabrique toujours 1000 milliards de produits, mais que le prix de chaque produit ait doublé (2 euros donc). Le PIB du pays sera ainsi de 2000 milliards d’euros en 2013.
En se basant uniquement sur la croissance nominale on risque de dire :
« Le PIB a doublé entre 2012 et 2013, la croissance était donc de 100% ! Formidable nous avons doublé notre richesse !
– Heu non…en fait ce sont juste les prix qui ont doublé…
– Ah…Mince. »
Du coup pour tenir compte de ce phénomène la croissance réelle part de la croissance nominale et lui enlève l’augmentation des prix. Ici l’augmentation des prix est de 100% donc on aurait croissance réelle = croissance nominale – augmentation des prix = 100% – 100% =…. 0 %
Normal puisque dans notre exemple la production n’a pas varié d’un yota entre les deux années !

Compris ?

Pour information la croissance (réelle) Française était de 0,3 % en 2013.
Avant la crise nous étions plutôt sur une croissance d’environ 2% par an…mais depuis 2008 les temps sont durs !

Croissance France USA
La croissance de la France et celle des USA au cours des dernières années…Quand on regarde vers 2008/2009 on voit que la crise est passée par là !

 

Voilà, vous savez tout (ou presque) sur la croissance.

A bientôt pour un nouveau post !

CC

 

 

 

L’économie, cette gigantesque machine (à votre service, ou le contraire ?)

L’économie va mal ! C’est sûrement vrai, puisque tout le monde le dit : « c’est la crise économique ». Et d’ailleurs, quand les gens disent que l’économie va mal, ça veut souvent dire que tout va mal. Par exemple, cela veut dire que le chômage augmente, ou que le pouvoir d’achat des gens baisse. A en croire les journaux, il vaut mieux perdre tous ses amis plutôt que d’avoir une économie qui va mal !

L’économie, cette grosse machine incomprise !

Mais au final, qu’est-ce que l’économie ? Comme beaucoup de choses, tout le monde en parle, mais personne n’explique vraiment ce que c’est. En quelques mots, on pourrait dire que l’économie est l’ensemble des activités humaines autour de l’échange. L’échange de biens (c’est-à-dire d’objets, de machines, de nourriture, qui sont matériels, palpables) ou de services (qui sont immatériels).

Petite remarque au passage : les biens sont toujours utilisés pour rendre des services. Acheter un robot presse-purée (qui est un bien) équivaut à acheter 5 ans de service d’écrasage de pommes de terre (si on se dit que les robots presse-purée tombent en panne au bout de 5 ans, leur limite de garantie 😛 ). Les pommes que j’ai achetées (encore un bien) me rendent le service de me nourrir (miam, un très bon service ça !). La maison que j’achète (palpable, donc un bien) me rend le service de me chauffer, de me protéger de la pluie, d’accueillir mes amis, et bien d’autres services très sympas. Au final, il n’y a pas de différence fondamentale entre un bien et un service du point de vue psychologique. On peut donc tout ramener à des services.

Houla, avec tant de rouages autours de nos échanges, faut même pas essayer de comprendre l'économie !
Houla, avec tant de rouages autours de nos échanges, faut même pas essayer de comprendre l’économie !
Les coulisses d’un tout petit échange de la vie de tous les jours

L’économie est tout ce qui tourne autour de l’échange, soit. Alors qu’y a-t-il autour de l’échange ? Et bien avant de s’échanger un billet de 10€ contre un gâteau, à la boulangerie (ce que les gens normaux appellent « acheter un gâteau » 😉 ), il aura fallu faire beaucoup de choses avant, et ces choses sont souvent faites par une foule de gens différents !

Il aura entre autre fallu imprimer un billet de 10€, et donc avoir produit le papier du billet (et pour ça, il faut avoir coupé des arbres : en France on en a quelques uns) ; avoir produit l’encre du billet (à l’aide de minéraux prélevés dans des mines partout dans le monde) ; bien sûr avoir fait un gâteau, avec du sucre qui vient par exemple des cannes à sucre de Martinique, et apporté en France par bateau, de la farine faite avec du blé qu’on a cultivé en France, et des œufs pondus par des poules élevées en France. Il aura aussi fallu construire une boulangerie ! Et oui, le simple geste d’acheter un gâteau à la boulangerie suppose que tout le reste a déjà été fait avant !

Donc l’économie, c’est aussi toutes ces activités de récupérer les matières premières (c’est-à-dire les éléments de base pour fabriquer les biens), les activités de les transformer, les assembler ensemble, de vendre le produit final, d’en faire la publicité, etc, etc. Comme vous l’aurez compris, l’économie englobe énormément d’activités humaines, et donc elle englobe aussi les concepts d’emploi, de chômage, d’argent, de pouvoir d’achat… Alors si l’économie va mal, c’est sûrement que beaucoup de choses vont mal !

La crise jusque dans ma boulangerie !! :s | http://1jour1actu.com/
La crise jusque dans ma boulangerie !! :s | http://1jour1actu.com/
Que donner à manger à l’économie pour qu’elle marche bien ?

Juste avec ce petit exemple de la boulangerie (qui est en fait immense si on s’amuse à chercher tout ce qu’il a fallu faire avant de pouvoir acheter un gâteau dans une boulangerie), on peut déjà comprendre plusieurs choses importantes : l’ensemble des activités humaines qui font l’économie a besoin de trois éléments essentiels pour fonctionner [suspense insoutenable].

Bien sûr, il faut des êtres humains : ceux qui font l’échange (le vendeur dans la boulangerie et l’acheteur), mais aussi tous ceux qui travaillent, ou qui ont travaillé, pour que cet échange puisse arriver (l’agriculteur qui récolte le blé, celui qui récolte la canne à sucre, tous les travailleurs de l’entreprise qui a construit le bâtiment qui héberge la boulangerie, tous ceux qui travaillent à l’imprimerie des billets de 10€, tous ceux qui travaillent à la banque qui a prêté des sous pour que la boulangerie puisse lancer son business, et bien d’autres).

Il faut aussi ces fameuses matières premières, qui proviennent toujours des ressources naturelles (par exemple, le papier vient des arbres d’une forêt, les œufs proviennent de poules, les pigments de l’encre du billet proviennent de mines).

Pratique cette machine ramasseuse de canne à sucre !
Pratique cette machine ramasseuse de canne à sucre !

Et enfin, il faut de l’énergie ! Cette fameuse énergie, qui, avant le progrès, provenait surtout des êtres humains, et qui maintenant provient surtout des énergies fossiles. C’est par exemple l’énergie qui permet à la moissonneuse batteuse de fonctionner pour récolter le blé ou la canne à sucre, l’énergie qui permet de faire avancer le bateau qui ramène le sucre, ou les camions qui amènent la farine et les œufs. Ou encore, c’est l’énergie qui a permis de faire tourner les tractopelles et les bétonnières pour construire la boulangerie, ou l’énergie du four de la boulangerie, ou de ses radiateurs pour chauffer en hiver etc. Encore une fois, l’énergie est partout dès qu’on transforme des choses autour de nous.

L’énergie est un peu particulière ici, puisqu’elle provient soit de nous, les êtres humains (lorsqu’on travaille), soit de ressources naturelles telles que les énergies fossiles. On pourrait donc conclure que l’économie a besoin uniquement d’êtres humains et de ressources naturelles, et ce serait vrai. Mais il est intéressant de laisser l’énergie dans une catégorie particulière de ressource, car l’énergie a le pouvoir quasiment magique de ne pas être recyclable (on le verra dans la section Energie).

Et une fois qu’on a bien nourri notre économie, qu’est-ce qu’il en sort ?
Des services bien sûr…

On a passé en revue ce qu’il faut pour que l’économie puisse fonctionner. On peut aussi se demander ce que produit l’économie au final. A quoi ça sert de travailler 40h par semaine et de nourrir cette grosse machine, l’économie, avec tant de matières premières et d’énergie ? L’exemple de la boulangerie va encore nous servir. L’économie aboutit à un échange final important : l’échange du bien ou du service avec la personne qui va « consommer » le bien ou le service. Dans notre boulangerie, le client est celui qui va utiliser le service rendu par le gâteau : nourrir quelqu’un. Donc l’économie produit des services, mais ça on le savait déjà.

Hmm, le bon service de nourrissage !!
Hmm, le bon service de nourrissage !!
… Et tout le reste aussi !

Mais est-ce bien tout ? Et si on essayait de lister tout ce que produit l’économie ? La liste serait en fait très longue. Comme nous l’avons vu, l’économie est un ensemble d’activités humaines qui visent à produire des services (qui seront échangés) : ces activités sont ce qu’on appelle le travail. Et bien en travaillant dans le but de produire un service, on produit bien d’autres choses que ce service. Prenons l’exemple du producteur de canne à sucre, qui vend de la canne à sucre coupée et sans feuilles. Il a donc aussi obtenu des feuilles de canne (en plus des tiges de canne à sucre) dont il doit se débarrasser ou réutiliser, mais qu’il n’échangera pas. Il a aussi (par exemple) produit un champ qu’il traite avec des engrais et des pesticides, alors qu’au départ il n’y avait qu’une parcelle de forêt tropicale. Ou encore, il produit du CO2, ou d’autres gaz qui s’échappent de ses machines, ou qui émanent de ses engrais. Par cet exemple, on voit que le travail, et donc l’économie, transforment l’environnement, en plus de produire un service.

Ces transformations de l’environnement peuvent parfois toucher certaines autres personnes, qui n’ont rien à voir avec l’échange final de la canne à sucre. Par exemple, peut-être qu’une dame venait cueillir des fruits dans la forêt qui était là avant la plantation de cannes à sucre, et elle ne peut plus le faire aujourd’hui puisque la fôret a été coupée. Ou bien peut-être qu’un habitant du coin trouve que les engrais dans cette nouvelle plantation polluent l’eau qu’il boit. Ces effets sur d’autres gens que ceux impliqués dans l’échange sont appelés des externalités. Les deux exemples donnés sont des externalités négatives, car elles embêtent les gens autour. On peut aussi avoir des externalités positives, qui sont sympas pour les gens autour. Par exemple, peut-être que la nouvelle plantation a fait construire une route pour y mener, et que ça a bénéficié à d’autres gens que ceux de la plantation. Ou peut-être que les enfants qui habitent à côté de la plantation sont maintenant contents de pouvoir piquer en douce quelques tiges pour les mâchouiller et récupérer le sucre (je confirme, c’est très bon 😉 ).

Et oui, il y en a qui profitent des externalités positives ! | pixgood.com
Et oui, il y en a qui profitent des externalités positives ! | pixgood.com

Vous le voyez, l’économie est une machine gigantesque (encore un système complexe, comme le climat !), dont tout le monde est acteur (en tant que travailleur, que consommateur, ou les deux), et qui touche tout le monde par les innombrables externalités qu’elle génère. La période de l’histoire que nous vivons est particulière pour l’économie, et c’est pour cela que les théories utilisées actuellement en économie sont de plus en plus remises en cause. Ce qui est nouveau de nos jours pour l’économie, c’est que ces fameuses externalités négatives que notre système économique génère prennent beaucoup (voire trop ?) d’ampleur : l’une de ces externalités majeures, nous l’avons vu dans la section Climat, est le fameux dérèglement climatique. Une autre de ces externalités est ce qu’on appelle la crise économique. Encore une autre externalité forte est notre dépendance aux énergies fossiles, comme nous le voyons en ce moment dans la section Energie.

Bref, il faut garder à l’esprit que certes l’économie nous apporte des services en pagaille et des externalités positives, mais qu’en contrepartie il faut travailler d’autant plus qu’on propose de services, et qu’on subit certaines externalités négatives. Si la contrepartie dépasse les bienfaits, peut-on toujours dire que l’économie est à notre service, ou bien faut-il en conclure que nous sommes au service de l’économie ?