Archives pour la catégorie Économie

L’économie… Voilà un sujet bien touffu auquel nous, les communs des mortels, ne comprenons pas grand chose. Et pourtant, l’économie n’est rien de moins que toutes nos activités d’échanges entre êtres humains. Que ce soit entre mon boulanger et moi (je lui échange des billets contre du pain), entre mon entreprise et moi (je lui échange du temps que je passe à travailler contre un nombre sur mon compte en banque), entre mon banquier et moi (il m’échange de l’argent tout de suite contre plus d’argent plus tard), ou entre deux banquiers, deux entreprises, deux pays, un pays et une banque, tout ça est du ressort de l’économie. Bref, c’est un (très) vaste sujet.
Bien sûr les règles qui encadrent tous ces échanges sont essentielles à ce que le système économique, très complexe, fonctionne bien. Par exemple, il faudrait comprendre pourquoi les règles actuelles ont permis à la crise économique de se produire, et voir si d’autres règles éviterait de se retrouver dans la même situation.

Une économie pas très carrée

Vous avez sûrement déjà entendu le topo rabat-joie : on gaspille, on jette des tonnes de choses utiles, et même pire, certains appareils tombent en panne alors qu’ils pourraient encore fonctionner (la fameuse « obsolescence programmée »… Brr, flippants ces mots !). Résultat : on consomme trop de matériaux par rapport à ce que la planète peut nous offrir, et c’est la cata assurée… Et là [illumination dans le ciel et voix de chœur], quelqu’un prononce les mots magiques : « économie circulaire ». Alors quoi ? Comment fonctionne-t-elle, cette économie toute en rondeurs ? Quel est donc ce sésame des temps modernes, nous ouvrant (ou pas ?) la porte à un avenir radieux ? Pourquoi cette économie n’arrive-t-elle que maintenant, si elle est si géniale ? Et surtout, est-ce si facile que cela de créer un cercle ? Il suffit juste de trier nos déchets et d’éviter quelques gaspillages pas vrai ? 😎

L'obsolescence programmée, certainement le pire de tous nos mots... :P
L’obsolescence programmée, certainement le pire de tous nos mots… :P

L’économie « normale »

Comme nous l’avons déjà vu, l’économie n’est qu’une immense machine à prendre des ressources et à les transformer pour que nous puissions les consommer. Regardons plus en détail comment cela se déroule :

L'économie normale ne ressemble pas à un carré, ni à un cercle, mais à une ligne !
L’économie normale ne ressemble pas à un carré, ni à un cercle, mais à une ligne !

On part bien de ressources naturelles, qu’on extrait du sol, de la forêt, de la mer, etc. On les transforme, on les distribue, et on peut enfin les consommer. Ensuite, on jette ce qu’on ne peut pas consommer, ou ce qui ne nous plait plus (parce que c’est cassé, ou parce ce n’est plus à la mode) : c’est la « fin de vie » du produit… Mais prenons un exemple pour illustrer ce type d’économie : votre iPhone.

Dans votre iPhone, il y a un peu de tout : des métaux, des terres rares, du plastique, du silicium… Il faut bien imaginer que tout ce qui se trouve dans votre iPhone était sous terre il y a à peine quelques années, sous forme de matières premières 😯 . Pour aller les chercher, il a fallu de gros engins de mine qui creusent, puis des usines qui traitent la terre pour obtenir des matériaux utilisables. C’est ce que j’ai appelé l’extraction.

Le bon coin... La bonne excuse pour ceux qui veulent changer de portable alors qu'il est encore nickel :P | http://www.leboncoin.fr/telephonie
Hihi, j’ai craqué sur le iPhone 15 alors j’ai revendu le iPhone 14 S++ 😛 | http://www.leboncoin.fr/telephonie

Ensuite, vient la transformation de ces matériaux. Chaque matériau va passer dans différentes usines pour être formé. Par exemple, le pétrole va être transformé en coque en plastique, le sillicium en carte électronique, etc. Des terres rares vont être utilisées dans l’écran tactile, et dans différents circuits électroniques. Un peu comme si on les saupoudrait dans le portable : un peu par-ci, un peu par là. Une fois que toutes les pièces sont prêtes, on peut les assembler pour obtenir un bel iPhone. Toutes ces étapes ont été résumées dans mon schéma par « transformation ».

Une fois le produit terminé, il faut l’emmener dans votre magasin préféré. Les camions s’en chargent. C’est ce qu’on appelle la distribution.

Et enfin, le moment qu’on attend tous : on peut enfin acheter et utiliser notre iPhone chéri !… 😀

Puis vient un jour où notre bébé s’use et tombe en panne, parfois peu de temps après que sa garantie se termine (les boules hein ? 😛 ). Pour d’autre, ce jour est le jour où ils découvrent un nouveau bébé bien plus sympa : l’iPhone N+1. Alors là, branle-bas de combat, il faut à tout prix vendre l’iPhone N sur Le Bon Coin, pour acheter l’iPhone N+1. On ne sait ensuite pas très bien ce qu’il arrive à l’iPhone N, mais ce qui est sûr, c’est qu’il tombera en panne un jour, et que le N+1 fera de même un autre jour.

Bref, nos belles ressources de départ finissent tristement à la poubelle. Dans l’économie normale, on les brûle puis on met les cendres dans des décharges. On peut aussi les mettre dans des décharges directement si on a la flemme. Puis on attend que le temps passe en espérant qu’il n’y ait pas de problèmes avec ces déchets. Facile quoi !

Et voilà nos déchets avant qu'on les mette dans le four... Adieu petit déchet ! | DTU environment
Et voilà nos déchets avant qu’on les mette dans le four… Adieu petit déchet ! | DTU environment

Evidemment, et vous commencez à avoir l’habitude sur ce blog, toutes ces étapes requièrent de l’énergie pour transformer les matériaux, les chauffer, les transporter, les souder, etc. Ce petit rappel est important pour comprendre pourquoi cette économie n’est pas notre championne pour le futur.

Cette économie est dite « linéaire », c’est-à-dire qu’elle va des ressources jusqu’aux déchets, dans un seul sens, en suivant la ligne du schéma. Présentons maintenant notre grande star…

L’économie circulaire 😎

Comme vous vous en doutez, l’économie circulaire n’a plus rien, mais alors plus rien à voir avec ce qu’on a connu auparavant 😛 . Descriptif :

Les hommes préhistoriques ont inventé la roue. Les hommes modernes ont inventé l'économie circulaire.
Les hommes préhistoriques ont inventé la roue. Les hommes modernes ont inventé l’économie circulaire. Les flèches jaunes représentent l’énergie qu’il faut apporter aux différentes étapes.

Tadaa !! Vous voyez, l’idée de l’économie circulaire, c’est qu’on continue à faire exactement comme avant… sauf pour la fin de vie de notre iPhone. Si vous avez tout suivi, cela veut dire que cela ne va rien changer pour moi, petit acheteur de portable, puisque ce n’est qu’après avoir jeté mon iPhone que les choses changent pour lui 😀 . Et ça tombe bien, parce que je n’aime pas beaucoup changer mes habitudes ! Mais concrètement, qu’est-ce qui change pour la fin de vie de nos objets ? Et bien il s’agit de les recycler après les avoir utilisés ; en un mot, recycler nos déchets. Et oui, la magie du recyclage, c’est que nos déchets deviennent une ressource ! :roll:

L’économie de ma grand-mère

Bon OK, je suis sûr que vous avez senti une pointe d’ironie de ma part lorsque je disais que c’était une idée magique et hyper novatrice 😉 . En vérité, ma grand-mère faisait déjà de l’économie circulaire lorsqu’elle gardait toutes les boîtes pour les réutiliser, ou lorsqu’elle faisait des serviettes de table avec les draps usés… Bref, c’est en fait de l’idée ancienne !

Mais alors, me direz vous, pourquoi a-t-on abandonné cette bonne vieille économie circulaire de grand-mère, si maintenant on veut la remettre en place version 2.0 ? C’est encore et toujours lié à notre sacro-sainte énergie. Souvenez-vous : lors de la révolution industrielle, des quantités d’énergie jamais atteintes auparavant sont devenues utilisables. D’un coup, on pouvait extraire et transformer des ressources pour un prix dérisoire ! A ce moment là, à quoi bon se casser la tête à tout garder et à tout réparer ? Il était devenu moins cher de racheter des objets neufs que de les réparer ou les réutiliser ! Et même, certains objets sont devenus si peu chers à fabriquer qu’ils sont devenus « jetables » : on en rachète des nouveaux à chaque utilisation.

Même les appareils photos étaient jetables au temps de l'économie linéaire ! |www.flickr.com, Janne Moren
Même les appareils photos étaient jetables au temps de l’économie linéaire ! |www.flickr.com, Janne Moren

Mais, comme nous l’avons vu, le temps de la fête prend fin, le mojito se tarit. Moins de pétrole disponible ; et les métaux, les terres rares, et autres matériaux sont de plus en plus difficiles d’accès, puisqu’évidemment on a déjà pris les plus faciles à extraire… Le résultat dans notre économie, c’est que les prix de toutes ces ressources augmentent, et ils font de plus en plus le yoyo (leur « volatilité » augmente). Le prix, c’est ce qui signale aux gens qu’il va falloir changer notre manière de faire, et c’est pour ça que l’économie circulaire redevient à la mode depuis une quinzaine d’années.

Une économie qui tourne comme une roue de vélo

L’idée globale de l’économie circulaire est donc louable. Elle permettrait de limiter la casse en faisant quelques efforts. Et oui, des efforts… Il va falloir mettre nos déchets dans les bonnes poubelles. Ha oui, et puis il va falloir construire des usines qui recyclent. Mais en fait, est-ce si facile de recycler ? Imaginons par exemple qu’on n’arrive pas à recycler 100% d’un matériau. On aurait alors une économie circulaire qui « fuit », en mode chambre à air percée 😕

Les fuites de l’économie circulaire

Imaginez par exemple que j’arrive à recycler les ¾ d’un matériau. Au bout du premier tour d’économie circulaire, j’en perds donc 25%, qui deviennent des déchets à tout jamais. Puis au second j’en perds encore 25% du restant, et idem au 3ème tour. Au bout de 3 tours, il ne me reste plus que 42% de mon matériau de départ. Bref, ça part vite dès qu’il y a une petite fuite dans mon économie ! Vous allez me dire, si mon tour d’économie dure 30 ans, c’est moins grave que s’il dure 1 an. Dans le premier cas, il me restera 42% de mon matériau au bout de 90 ans ; dans le second cas, il ne m’en restera plus que 5% au bout de 10 ans ! Vous voyez donc que l’économie circulaire marche mieux si elle a très peu de fuites, et si les objets durent longtemps.

Je parle de fuite comme ça, mais pourquoi y aurait-il des fuites dans cette belle mécanique ? Coup de chance, on fait déjà de l’économie circulaire en France pour certains matériaux. Donc on peut regarder si en vrai il y a des fuites 😎 . Le matériau le plus recyclé en France est le papier-carton. Cela est notamment du au fait que vous triez le papier-carton dans un bac à part. Alors tenez-vous bien, on recycle 60% de notre papier-carton, pas plus. Et c’est notre best of, notre top du top ! Pour le verre, c’est 50%. Donc apparemment, les fuites sont normales.

Est-ce qu’elles viennent du fait qu’on trie mal nos déchets ? Sûrement un peu. Mais les deux raisons principales à nos fuites sont que recycler n’est pas simple et que cela requiert de l’énergie 😕 Peut-on mettre une rustine à cette économie circulaire qui fuit ??

Une chambre à air poreuse !!

Par exemple, il y a tellement de plastiques différents (chaque marque d’eau en bouteille fait son plastique avec sa couleur et sa forme) qu’une fois dans la poubelle tout se mélange, et cela rend le recyclage très compliqué. Le résultat, c’est qu’en général une bouteille en plastique ne fera pas une nouvelle bouteille, mais plutôt une chaise de jardin. Et moi, perso, j’utilise plus souvent des bouteilles en plastique que des chaises de jardin. On dit dans ce cas qu’on a perdu la fonction du plastique. On passe d’un plastique très utile (une bouteille d’eau) à un plastique moins utile (une chaise de jardin).

Voilà le matériau de base d'une chaise de jardin recyclée |DTU Environment
Voilà le matériau de base d’une chaise de jardin recyclée |DTU Environment

De même, on ne sait pas recycler les objets « hi-tech ». Pourquoi ? Parce que la hi-tech, c’est des dizaines de matériaux différents mis ensemble dans un  tout petit espace. Les matériaux sont utilisés en des quantités si petites, et mélangés à d’autres matériaux, que ça demanderait une grande quantité d’énergie pour séparer les matériaux, et pour en récupérer si peu. Un peu comme si je vous demandais de récupérer un ingrédient particulier dans une part de gâteau ! On dit qu’on a fait un usage dispersif des matériaux, et on préfère parfois utiliser directement les matières premières extraites de la nature au début du cercle, c’est moins cher. Il existe donc des cas dans lesquels on a besoin de moins d’énergie pour extraire les matériaux du sol que pour les extraire de nos objets hi-tech. L’économie « linéaire » est privilégiée dans ces cas, pour des raisons d’énergie dans le fond.

Petit exercice de recyclage de jaune d'oeuf : séparez moi le jaune d'oeuf des autres ingrédients dans ce gâteau ! Pas si simple hein ? :P
Petit exercice de recyclage de jaune d’oeuf : séparez moi le jaune d’oeuf des autres ingrédients dans ce gâteau ! Pas si simple hein ? 😛 | pixabay.com

Mais n’oublions pas que nous avons de moins en moins d’énergie par personne ! La double contrainte à résoudre est la suivante : comment pouvoir recycler nos matériaux (puisqu’ils sont de plus en plus difficiles à sortir du sol) tout en utilisant peu d’énergie (car sinon le recyclage sera cher, et par conséquent nos objets aussi) ? Selon certains experts en ressources des matériaux, la meilleure solution est de concevoir nos objets hi-tech différemment, de manière à ce qu’ils soient facilement recyclables. C’est ce qu’ils appellent les « low-tech ». Cette nouvelle manière de concevoir s’appelle « l’éco-conception ». Les low-tech ont l’avantage de consommer moins d’énergie lors de leur recyclage :) .

L’économie circulaire v2.0

Résumons : pour que l’économie circulaire fonctionne, il faut qu’elle n’ait pas de fuite. Pour cela, il faut que les objets soient conçus différemment afin qu’ils soient recyclables le plus possible, et en utilisant peu d’énergie. Il faut aussi ralentir les « tours » d’économie circulaire. C’est-à-dire concevoir des objets qui durent longtemps, de bonne qualité, qu’on jette peu, et qu’on peut réparer facilement, donc modulaires.

Certains proposent aussi de mettre moins de matériaux dans le cercle de l’économie. Par exemple, limiter le gaspillage, cela signifie simplement acheter pile ce dont on a besoin, et pas plus. Donc extraire moins de matériaux en entrée de notre boucle. Il est aussi possible d’acheter des objets en commun, qu’on partage avec les voisins et les amis. L’idée est la même : au lieu d’acheter une perceuse chacun, on en achète une pour tout l’immeuble et on se la prête. On produit moins de perceuses, et donc on a besoin de moins de matériaux à l’entrée de notre cercle.

Alors, heureux ?? Et bien pas forcément… :roll: Toutes ces idées, concrètement, elles veulent dire quoi ? Pas seulement un peu de tri par-ci par là. Par exemple, mon iPhone sera sûrement moins beau et je ne pourrai pas le changer tous les six mois pour être à la pointe de la mode… Pire, il faudra que je le fasse réparer jusqu’à ce qu’il n’en puisse vraiment plus ! (Une startup s’est d’ailleurs lancée dans la conception du portable du futur, prometteur). Il faudra que j’aille voir mes voisins pour leur demander la perceuse et le marteau lorsque je veux faire des travaux. Il faudra que je réutilise mes sacs et mes boîtes pour aller faire mes courses… La vraie économie circulaire, c’est tout ça !

En bref, l’économie circulaire est un vrai gros changement, mais c’est un changement nécessaire car nous disposons de moins en moins d’énergie et de matériaux par habitant. Comme beaucoup des changements présentés dans ce blog, ce sont des changements vers un monde dans lequel les objets et la consommation auront forcément moins d’importance… Il faudra donc trouver d’autres raisons d’être heureux. Les enseignements de la psychologie pourront être utiles sur ce point, mais je fais aussi confiance à votre créativité pour imaginer la vie de demain 😉 .

C’est quoi un prix ?!

On se demandait ici pourquoi le prix du pétrole faisait le yoyo. Avant de répondre à cette question, il faut d’abord voir ce que le prix du pétrole « cache » [gros suspense !]. Avec le prix, on ne voit certes qu’un nombre qui ne nous dit vraiment pas grand-chose sur son origine, mais le prix contient en fait une véritable pyramide d’éléments. Comme personne ne sait vraiment ce qu’il y a derrière un prix, les entreprises peuvent faire tout et n’importe quoi pour que ce nombre baisse coûte que coûte, et peu importent les externalités. Bien sûr, ces entreprises se gardent bien de nous expliquer comment sont construits leurs prix. C’est pour cela qu’on découvre parfois avec grande surprise que certaines entreprises font en fait travailler des gens (parfois des enfants, et là ça fait un scandale) dans des conditions pas très sympas. Alors pourquoi certaines choses valent-elles plus chers que d’autres ? Que se cache-t-il dans le prix des choses ?

Les gens « de base » : travailler + pour gagner +

Partons d’un objet simple : un vase fait artisanalement par un souffleur de verre qui vivrait dans le désert. Appelons-le Patrice (le souffleur, pas le vase). Pour faire son vase, notre artisan Patrice a besoin de sable blanc, ainsi que de quelques autres « ingrédients », qu’il fait fondre et qu’il souffle à l’aide de sa canne de souffleur. Il doit bien sûr récompenser son travail par un salaire, et il doit acheter le sable blanc.

Patrice en action !
Patrice en action !

Imaginons que ce sable a été durement ramassé dans le désert par Luc, un de ses amis. Pat’ a donc du payer Luc pour avoir du sable (remarquez au passage que l’argent que Pat’ donne à Luc a uniquement servi à payer le travail de Luc, et non pas à payer le sable, qui est offert gratos par le désert 😎 ). Patrice a aussi du payer le travail de l’artisan qui a fabriqué sa canne de souffleur. Au final, dans le prix du vase, on trouve les salaires de tous ceux qui ont travaillé pour fabriquer les outils nécessaires à la fabrication du vase (c’est le prix du travail « passé »), et on trouve les salaires de Luc et de Patrice (le prix du travail présent). Si le sable était dans une zone appartenant à quelqu’un, il aura aussi fallu que Luc paye un « droit d’exploiter » le sable de la zone. On trouverait aussi le prix de cette taxe d’exploitation dans le prix du vase.

Luc n'est pas prêt d'être au chômage, avec tout ce sable !
Luc n’est pas prêt d’être au chômage, avec tout ce sable !

En définitive, le prix du vase contient les salaires de tous ceux qui ont contribué à sa fabrication, et rien d’autre. Le prix paye donc du travail humain, présent ou passé, et non pas la planète qui nous fournit gratuitement les ingrédients de base 😯 .

L’Etat : Taxer + pour gagner +

Maintenant, compliquons les choses : disons que notre vase est produit non plus dans un désert perdu, mais en France, et ajoutons que ce vase est vendu en France. Le prix de mon vase va alors contenir des taxes (par exemple la fameuse TVA) de l’Etat français. C’est un des moyens qu’a l’Etat de prélever des sous pour faire fonctionner le pays.

Les rentiers : Avoir + d’argent pour gagner +

Dorénavant, notre vase n’est plus fabriqué artisanalement, mais industriellement, par une grande entreprise. Alors une partie du prix va terminer dans les poches… de l’entreprise, même si ce n’est pas une personne ! Ce n’est que temporaire bien sûr, car l’entreprise va utiliser cet argent :

  • soit pour récompenser par des dividendes ceux qui ont donné de l’argent à l’entreprise (c’est-à-dire ceux qui ont « investi » dans l’entreprise, pour qu’elle puisse acheter de matériel, ou embaucher),
  • soit pour rembourser les intérêts qu’elle doit aux banquiers (qui font ainsi payer le service d’avoir « prêté » de l’argent),
  • soit pour payer de futurs employés qui travailleront sur de nouveaux projets.

Le prix du vase contient donc toujours les salaires des travailleurs, mais aussi les dividendes de ceux qui ont investi de l’argent dans la fabrication du vase, et les intérêts des banquiers qui ont « prêté » de l’argent à l’entreprise. On remarque ici que l’argent, en plus d’acheter du temps de travail humain présent ou passé, peut aussi acheter… de l’argent dans le futur ! :roll:

Le taux de change

Et enfin, imaginons que l’entreprise produisant les vases soit dans un autre pays. Il faudra éventuellement payer des droits de douane pour pouvoir transférer le produit entre les deux pays, et il faudra éventuellement changer de monnaie pour pouvoir acheter le produit dans la bonne monnaie. Dans ce cas, il faut acheter de la monnaie étrangère en utilisant un taux de change, pour pouvoir payer grâce à cette monnaie étrangère. Le taux de change étire ou contracte en quelque sorte le prix final.

Alors, ce prix de l’essence ?

Ça y est, nous avons fait le plus dur ! Entrons directement dans le vif du sujet : le prix de l’essence ! Voici à titre explicatif les différentes choses que contient le prix de l’essence.

Voici un camembert qui décompose grossièrement vers quoi vont 1,47€ d'essence. | Données basées sur http://www.manicore.com/
Voici un camembert (qui pue) décomposant grossièrement qui reçoit quoi quand on achète 1,47€ d’essence. | Données basées sur http://www.manicore.com/

Dans ce diagramme, les taxes d’exploitation sont ce que reçoit le pays dans lequel on a exploité le pétrole (par exemple, la Russie ou le Qatar), le travail humain est le travail fait par le type qui tient la station service, le camionneur et l’équipe du supertanker qui ont transporté l’essence, l’équipe qui gère le puits de pétrole, etc. Le travail humain passé est le travail qui a permis de construire le camion, le supertanker, les pompes à essence, la station-service, les infrastructures autour du puits de pétrole pour pomper… L’argent du passé, ce sont les dividendes des actionnaires des différentes entreprises et les intérêts payés aux banquiers qui ont prêté de l’argent.

La loi de l’offre et de la demande

Maintenant qu’on a tout ça en tête, pour encore mieux comprendre les prix, il faut parler de la fameuse loi de l’offre et de la demande. Cette loi dit que plus la demande est grande par rapport à l’offre, plus le prix monte. Et vice versa, plus l’offre est grande par rapport à la demande, plus le prix baisse.

Petite traduction… La demande en pommes par exemple, c’est le nombre de pommes que veulent acheter l’ensemble des gens qui veulent des pommes. L’offre, c’est la quantité de pommes que l’ensemble des gens veut bien mettre en vente. S’il y a trop de demande, les vendeurs de pommes augmentent leur prix tout en trouvant encore des acheteurs. Cela élimine d’autres acheteurs qui ne peuvent plus se payer de pommes ! Et cela convainc éventuellement de nouveaux vendeurs de vendre des pommes.

Voilà un exemple où la loi de l'offre et de la demande nous dit que les prix vont être... élevés ! Ce n'est pas un hasard si le Qatar rachète les clubs de foot français ;) | www.quiperdgagne.fr
Voilà un exemple où la loi de l’offre et de la demande nous dit que les prix vont… grimper ! Ce n’est pas un hasard si le Qatar rachète les clubs de foot français 😉 | www.quiperdgagne.fr

Cette loi nous donne donc dans quelle direction le prix va aller. Ce que cela veut dire, c’est que notre camembert du prix de l’essence peut devenir globalement plus gros s’il y a beaucoup de gens qui veulent de l’essence par rapport à la quantité d’essence qui est en vente. Le prix gloabl augmente ! Au final les pays producteurs touchent plus d’argent par la taxe d’exploitation, les salaires des gens qui ont travaillé pour obtenir notre essence augmentent, les banquiers se font rembourser plus rapidement, et on peut offrir plus de dividendes aux investisseurs. Au contraire, si la demande est plus faible que l’offre, les prix baissent, et notre camembert se contracte…C’est ce qu’il se passe en ce moment avec le pétrole ! Mais après ces quelques bases sur le prix des choses, le prix du pétrole mérite une explication en détail dans un prochain article ! 😛

C’est quoi l’Inflation ?!

Au palmarès des termes compliqués qu’on entend partout et qu’on n’explique nulle part, l’inflation est sans doute sur le podium !
Et pourtant – comme souvent en économie – derrière ce mot compliqué se cache un concept simple !
Très simple même.

L’inflation, en fait, c’est juste l’augmentation des prix.
Comment cette hausse est-elle calculée ? Par quoi peut-elle être provoquée ? Quelles sont ses conséquences ?
C’est ce que nous allons voir ensemble !

Tous les ans les économistes calculent l’Indice des Prix à la Consommation, ou IPC en abrégé.
Ce chiffre est une sorte de « Prix moyen » national.
Il est évalué de la manière suivante :

  1.  On classe les produits et les services en grandes catégories : habillement, alimentation, logement, transport, communications, éducation, etc.
  2.  On calcule le prix moyen de chaque catégorie de produits.
    Par exemple pour l’habillement on choisit au hasard un grand nombre de modèles de vêtements et de chaussures actuellement en vente et on fait la moyenne de leurs prix.
  3. On donne un « poids » à chaque catégorie, en fonction de l’importance que celle-ci a pour les consommateurs.
    Par exemple le logement comptera davantage que les communications car il représente une part bien plus importante dans le budget moyen d’une personne – en principe on dépense plus en loyer qu’en forfait téléphonique ! -.
  4. On évalue enfin l’IPC en faisant la moyenne des prix des différentes catégories pondérée par l’importance (le « poids ») de ces catégories.
Cadi Super Marché
Pour construire l’Indice des Prix à la Consommation il faut connaître la composition du panier de la ménagère…(Et celle du panier du ménager : pas de sexisme voyons !)

 

Vous êtes toujours là ?! Ok pour l’Indice des Prix à la Consommation ?

Bon et bien l’inflation c’est simplement l’augmentation de l’IPC entre l’année précédente et l’année actuelle. Cette augmentation est exprimée en pourcentage.
Par exemple si l’Indice des Prix à la Consommation était de 100 à la fin de l’année 2013 et est de 102 fin 2014, alors on dira qu’il y a eu une inflation de 2% en 2014.
Pas compliqué hein ?!

Bon maintenant que l’on sait ce qu’est l’inflation, regardons à quoi elle est due !
En fait on distingue deux causes différentes :

  • Cause N°1 : L’augmentation des coûts des entreprises.
    Si le coût de production d’un produit augmente (par exemple parce que les matières premières nécessaires à sa fabrication se mettent à coûter plus cher) alors l’entreprise concernée va devoir augmenter ses prix de vente.
    Lorsque de nombreuses entreprises se retrouvent simultanément dans ce cas (par exemple parce qu’une matière première très utilisée comme le pétrole voit son prix exploser !) alors on aura une augmentation générale du niveau des prix, autrement dit… de l’inflation.

    Hausse du Prix du Pétrole
    Une forte hausse du prix du pétrole peut entraîner une augmentation des prix très importante et très rapide dans l’ensemble de l’économie. C’est ce qu’il s’est passé suite aux chocs pétroliers de 1973 et de 1979.
  • Cause N°2 : L’augmentation de la demande qui s’adresse aux entreprises.
    Si une entreprise voit son nombre de clients augmenter rapidement et qu’elle n’a pas la possibilité d’augmenter assez vite sa production, elle risque de réagir en augmentant ses tarifs. (« Puisque mes produits ont autant de succès, je peux me permettre de les faire payer plus cher ! »)
    Quand de nombreuses entreprises sont dans ce cas simultanément – par exemple si le pouvoir d’achat de l’ensemble de la population augmente rapidement suite à une baisse d’impôt et qu’ainsi tout le monde se met à consommer davantage – alors on risque là-aussi d’assister à une hausse des prix au niveau national…

Ok pour les causes ?
Les conséquences maintenant ! Quand les prix augmentent ça change quoi ?

Tout d’abord, pour les consommateurs, l’inflation correspond à une diminution de pouvoir d’achat.
En effet, à salaire égal, ils peuvent acheter moins de choses puisque tout coûte plus cher.

Ensuite, pour les personnes ayant un emprunt en cours (crédit immobilier, automobile ou autre), l’inflation correspond à un allègement de la dette.
Pour bien comprendre le phénomène prenons un exemple extrême.
Imaginons qu’une personne A emprunte 1000 euros à une personne B pour s’acheter une voiture, et s’engage à les lui rembourser 1 an plus tard.

Lamborghini
Aller hop j’emprunte pour acheter une voiture ! J’avoue, le modèle ci-dessus coûte un peu plus de 1000 euros, mais bon il faut bien envoyer un peu de rêve !

Supposons qu’au bout d’1 an les prix aient explosé, à tel point que 1000 euros correspondent désormais, non plus à la valeur d’une voiture, mais à celle…d’une baguette de pain !!!

Comme promis A rend les 1000 euros à B…sauf que cet argent ne vaut quasiment plus rien…
Autrement dit A a emprunté la valeur d’une voiture…et il rembourse seulement la valeur d’une baguette ! Pratique.
Par contre à l’inverse pour le pauvre B, c’est la ruine…
Donc vous avez compris : quand il y a beaucoup d’inflation c’est une bonne chose pour les emprunteurs et une mauvaise chose pour les prêteurs !

Et voilà comment on rembourse sa voiture ! Merci l’inflation ! (Oui je sais c’est la même photo de baguette que dans l’article sur la croissance, mais qu’est-ce que vous croyez c’est pas parce qu’on parle d’Economie ici qu’on a un budget illimité ! Sans blague, jamais contents ces lecteurs)

Enfin, pour les entreprises qui exportent à l’international, l’inflation correspond à une perte de compétitivité : comme nos produits coutent de plus en plus chers, il devient de plus en plus difficiles de les vendre aux consommateurs étrangers…
Bien sûr ici ça n’est pas notre inflation dans l’absolue qui est importante : c’est la différence entre notre taux inflation et celui de nos partenaire commerciaux.
Ainsi si notre inflation est de 5% par an et celle de l’Angleterre de 4%, alors la compétitivité de nos produits va baisser de 1% chaque année par rapport à celle des produits anglais !

Camembert
Et oui si nos fromages sont de plus en plus chers on va avoir du mal à en vendre toujours autant à l’étranger ! Mais bon d’ici à ce que les anglais nous concurrencent en matière de gastronomie on a quand même le temps de voir venir…

Pour finir il faut savoir que la notion d’inflation a également donné naissance à d’autres concepts dérivés, qui sont également utilisés pour décrire l’évolution des prix. Nous en avons retenu trois.

Nous avons tout d’abord la désinflation. La désinflation c’est le fait d’avoir une inflation de plus en plus faible d’année en année (en gros les prix augmentent toujours, mais de moins en moins vite). Par exemple si un pays a une inflation de 5% en 2013 puis une inflation de 2% en 2014 on dira que ce pays est en désinflation.

Il y aussi la déflation. La déflation c’est le contraire de l’inflation : c’est une diminution générale du niveau des prix dans un pays. Autrement dit ça correspond à une inflation négative ! Par exemple un pays qui a une inflation de -3% en 2014 (les prix y ont diminué de 3% par rapport à 2013) est dit en déflation.

Il y a enfin l’hyper-inflation. Ce terme désigne, comme son nom l’indique, une inflation extrêmement élevée. Tellement élevée que les prix augmentent à une vitesse hallucinante, ce qui déstabilise complètement l’économie concernée. C’est ainsi ce qu’a connu le Zimbabwe en juillet 2008 où l’inflation a atteint…80 milliards %. Oui vous avez bien lu : 80 000 000 000 % d’augmentation des prix en un mois.

A vendor arranges eggs on a new 100 billion Zimbabwean dollar note in Harare
Un billet de 100 000 000 000 dollars zimbabwéens pour acheter….3 œufs.

C’est aussi ce qu’il s’est produit en Allemagne en 1923. Cette année là les prix augmentaient tellement vite qu’au restaurant les tarifs pouvaient varier entre le début et la fin du repas ! Du coup pour payer moins cher les clients prenaient souvent l’addition …avant de manger et pas après !

Voilà vous savez tout (ou presque) sur l’inflation.

A bientôt pour un nouveau post !

C.C.

C’est quoi la Croissance ?!

 

La croissance on nous en parle à longueur d’antenne !
Les politiques la cherchent en vain, les écolos veulent y mettre fin … et souvent nos concitoyens n’y comprennent plus rien !
Alors c’est quoi exactement cette fameuse croissance ?

Pour le comprendre il faut comprendre ce qu’est le PIB. Et pour comprendre ce qu’est le PIB il faut comprendre ce qu’est la valeur ajoutée.
Bon ok dis comme ça c’est un peu les poupées russes, mais vous allez voir ce sera plus clair dans quelques lignes…

La valeur ajoutée d’une entreprise c’est la valeur de ce qu’elle produit moins la valeur de ce qu’elle a eu besoin d’acheter pour produire.

Par exemple si un boulanger vend pour 10 000 euros de pain par an et que pour produire son pain il doit acheter 6000 euros de farine chaque année ; alors sa valeur ajoutée est de 10 000 – 6 000 = 4000 euros par an.

Avant le travail du boulanger…

Cette valeur ajoutée mesure la valeur créée par le boulanger lors de son activité. En effet cette valeur est présente à l’arrivée (dans le prix du pain) mais n’était pas présente au départ (dans le prix de la farine)…c’est donc bien le boulanger qui l’a créée par son travail !

...Et après ! Un peu plus appétissant non ?!
…Et après !
Un peu plus appétissant non ?!

C’est bon pour la valeur ajoutée ?!

Et bien le PIB (Produit Intérieur Brut) d’un pays c’est simplement la somme des valeurs ajoutées créées par toutes les entreprises présentes dans ce pays pendant une période donnée.
Ok ?!
Donc on prend toutes les entreprises installées dans le pays (du petit commerçant à la grande entreprise du CAC 40 – en comptant aussi les fonctionnaires -) ; on calcule la valeur ajoutée de chacune comme pour notre boulanger, on additionne toutes ces valeurs et hop on a le PIB !
En principe la période de temps considérée est l’année donc quand on parle de PIB c’est presque toujours le PIB d’une année : « le PIB de la France valait X euros en 2013 », « Celui de l’Italie valait Y euros en 1985», etc.
Ce PIB mesure donc la richesse totale créée par un pays en une année.

Par exemple en 2013 le PIB de la France valait un peu plus de 2000 milliards d’euros. Ça en fait de la richesse créée en un an !

La richesse totale créée par l'ensemble des français en 2013 était d'environ 2000 milliards d'euros...cocorico !
La richesse totale créée par l’ensemble des français en 2013 était d’environ 2000 milliards d’euros…cocorico !

Et la croissance dans tout ça me direz-vous ?! J’y viens, un peu de patience !

La croissance, c’est la variation de PIB entre l’année précédente et l’année en cours.
Cette variation est exprimée en pourcentage.
Par exemple si en 2012 le PIB de notre pays était de 1 000 Milliards d’euros et qu’en 2013 il est de 1 500 Milliards d’euros, alors cela veut dire que le PIB a augmenté de moitié. Autrement dit de 50%. On dira donc que la croissance est de 50 % en 2013.

(Heu non désolé monsieur Hollande ce ne sont pas les vrais chiffres.En fait c’était juste un exemple…pour nous en ce moment c’est un peu moins flamboyant….)

Pour finir une petite subtilité. La croissance dont je viens de vous parler (variation du PIB annuel en pourcentage) est appelée croissance nominale et, attention, ça n’est pas exactement la croissance dont nous parle la presse. En effet celle-ci nous parle toujours (sans jamais le dire explicitement) de croissance réelle.
Quelle est la différence entre les deux ?
Et bien en fait la croissance nominale présente un petit inconvénient : elle ne tient pas compte de l’évolution des prix.
Quel rapport avec la croissance me direz-vous ?
En fait c’est assez simple à comprendre.

Imaginons un pays qui, en 2012, ait fabriqué 1000 milliards de produits à 1 euro (avec, pour simplifier, un coût de fabrication nul). Son PIB était donc cette année-là de 1000 milliards d’euros.
Imaginons maintenant qu’en 2013 le pays fabrique toujours 1000 milliards de produits, mais que le prix de chaque produit ait doublé (2 euros donc). Le PIB du pays sera ainsi de 2000 milliards d’euros en 2013.
En se basant uniquement sur la croissance nominale on risque de dire :
« Le PIB a doublé entre 2012 et 2013, la croissance était donc de 100% ! Formidable nous avons doublé notre richesse !
– Heu non…en fait ce sont juste les prix qui ont doublé…
– Ah…Mince. »
Du coup pour tenir compte de ce phénomène la croissance réelle part de la croissance nominale et lui enlève l’augmentation des prix. Ici l’augmentation des prix est de 100% donc on aurait croissance réelle = croissance nominale – augmentation des prix = 100% – 100% =…. 0 %
Normal puisque dans notre exemple la production n’a pas varié d’un yota entre les deux années !

Compris ?

Pour information la croissance (réelle) Française était de 0,3 % en 2013.
Avant la crise nous étions plutôt sur une croissance d’environ 2% par an…mais depuis 2008 les temps sont durs !

Croissance France USA
La croissance de la France et celle des USA au cours des dernières années…Quand on regarde vers 2008/2009 on voit que la crise est passée par là !

 

Voilà, vous savez tout (ou presque) sur la croissance.

A bientôt pour un nouveau post !

CC

 

 

 

L’économie, cette gigantesque machine (à votre service, ou le contraire ?)

L’économie va mal ! C’est sûrement vrai, puisque tout le monde le dit : « c’est la crise économique ». Et d’ailleurs, quand les gens disent que l’économie va mal, ça veut souvent dire que tout va mal. Par exemple, cela veut dire que le chômage augmente, ou que le pouvoir d’achat des gens baisse. A en croire les journaux, il vaut mieux perdre tous ses amis plutôt que d’avoir une économie qui va mal !

L’économie, cette grosse machine incomprise !

Mais au final, qu’est-ce que l’économie ? Comme beaucoup de choses, tout le monde en parle, mais personne n’explique vraiment ce que c’est. En quelques mots, on pourrait dire que l’économie est l’ensemble des activités humaines autour de l’échange. L’échange de biens (c’est-à-dire d’objets, de machines, de nourriture, qui sont matériels, palpables) ou de services (qui sont immatériels).

Petite remarque au passage : les biens sont toujours utilisés pour rendre des services. Acheter un robot presse-purée (qui est un bien) équivaut à acheter 5 ans de service d’écrasage de pommes de terre (si on se dit que les robots presse-purée tombent en panne au bout de 5 ans, leur limite de garantie 😛 ). Les pommes que j’ai achetées (encore un bien) me rendent le service de me nourrir (miam, un très bon service ça !). La maison que j’achète (palpable, donc un bien) me rend le service de me chauffer, de me protéger de la pluie, d’accueillir mes amis, et bien d’autres services très sympas. Au final, il n’y a pas de différence fondamentale entre un bien et un service du point de vue psychologique. On peut donc tout ramener à des services.

Houla, avec tant de rouages autours de nos échanges, faut même pas essayer de comprendre l'économie !
Houla, avec tant de rouages autours de nos échanges, faut même pas essayer de comprendre l’économie !
Les coulisses d’un tout petit échange de la vie de tous les jours

L’économie est tout ce qui tourne autour de l’échange, soit. Alors qu’y a-t-il autour de l’échange ? Et bien avant de s’échanger un billet de 10€ contre un gâteau, à la boulangerie (ce que les gens normaux appellent « acheter un gâteau » 😉 ), il aura fallu faire beaucoup de choses avant, et ces choses sont souvent faites par une foule de gens différents !

Il aura entre autre fallu imprimer un billet de 10€, et donc avoir produit le papier du billet (et pour ça, il faut avoir coupé des arbres : en France on en a quelques uns) ; avoir produit l’encre du billet (à l’aide de minéraux prélevés dans des mines partout dans le monde) ; bien sûr avoir fait un gâteau, avec du sucre qui vient par exemple des cannes à sucre de Martinique, et apporté en France par bateau, de la farine faite avec du blé qu’on a cultivé en France, et des œufs pondus par des poules élevées en France. Il aura aussi fallu construire une boulangerie ! Et oui, le simple geste d’acheter un gâteau à la boulangerie suppose que tout le reste a déjà été fait avant !

Donc l’économie, c’est aussi toutes ces activités de récupérer les matières premières (c’est-à-dire les éléments de base pour fabriquer les biens), les activités de les transformer, les assembler ensemble, de vendre le produit final, d’en faire la publicité, etc, etc. Comme vous l’aurez compris, l’économie englobe énormément d’activités humaines, et donc elle englobe aussi les concepts d’emploi, de chômage, d’argent, de pouvoir d’achat… Alors si l’économie va mal, c’est sûrement que beaucoup de choses vont mal !

La crise jusque dans ma boulangerie !! :s | http://1jour1actu.com/
La crise jusque dans ma boulangerie !! :s | http://1jour1actu.com/
Que donner à manger à l’économie pour qu’elle marche bien ?

Juste avec ce petit exemple de la boulangerie (qui est en fait immense si on s’amuse à chercher tout ce qu’il a fallu faire avant de pouvoir acheter un gâteau dans une boulangerie), on peut déjà comprendre plusieurs choses importantes : l’ensemble des activités humaines qui font l’économie a besoin de trois éléments essentiels pour fonctionner [suspense insoutenable].

Bien sûr, il faut des êtres humains : ceux qui font l’échange (le vendeur dans la boulangerie et l’acheteur), mais aussi tous ceux qui travaillent, ou qui ont travaillé, pour que cet échange puisse arriver (l’agriculteur qui récolte le blé, celui qui récolte la canne à sucre, tous les travailleurs de l’entreprise qui a construit le bâtiment qui héberge la boulangerie, tous ceux qui travaillent à l’imprimerie des billets de 10€, tous ceux qui travaillent à la banque qui a prêté des sous pour que la boulangerie puisse lancer son business, et bien d’autres).

Il faut aussi ces fameuses matières premières, qui proviennent toujours des ressources naturelles (par exemple, le papier vient des arbres d’une forêt, les œufs proviennent de poules, les pigments de l’encre du billet proviennent de mines).

Pratique cette machine ramasseuse de canne à sucre !
Pratique cette machine ramasseuse de canne à sucre !

Et enfin, il faut de l’énergie ! Cette fameuse énergie, qui, avant le progrès, provenait surtout des êtres humains, et qui maintenant provient surtout des énergies fossiles. C’est par exemple l’énergie qui permet à la moissonneuse batteuse de fonctionner pour récolter le blé ou la canne à sucre, l’énergie qui permet de faire avancer le bateau qui ramène le sucre, ou les camions qui amènent la farine et les œufs. Ou encore, c’est l’énergie qui a permis de faire tourner les tractopelles et les bétonnières pour construire la boulangerie, ou l’énergie du four de la boulangerie, ou de ses radiateurs pour chauffer en hiver etc. Encore une fois, l’énergie est partout dès qu’on transforme des choses autour de nous.

L’énergie est un peu particulière ici, puisqu’elle provient soit de nous, les êtres humains (lorsqu’on travaille), soit de ressources naturelles telles que les énergies fossiles. On pourrait donc conclure que l’économie a besoin uniquement d’êtres humains et de ressources naturelles, et ce serait vrai. Mais il est intéressant de laisser l’énergie dans une catégorie particulière de ressource, car l’énergie a le pouvoir quasiment magique de ne pas être recyclable (on le verra dans la section Energie).

Et une fois qu’on a bien nourri notre économie, qu’est-ce qu’il en sort ?
Des services bien sûr…

On a passé en revue ce qu’il faut pour que l’économie puisse fonctionner. On peut aussi se demander ce que produit l’économie au final. A quoi ça sert de travailler 40h par semaine et de nourrir cette grosse machine, l’économie, avec tant de matières premières et d’énergie ? L’exemple de la boulangerie va encore nous servir. L’économie aboutit à un échange final important : l’échange du bien ou du service avec la personne qui va « consommer » le bien ou le service. Dans notre boulangerie, le client est celui qui va utiliser le service rendu par le gâteau : nourrir quelqu’un. Donc l’économie produit des services, mais ça on le savait déjà.

Hmm, le bon service de nourrissage !!
Hmm, le bon service de nourrissage !!
… Et tout le reste aussi !

Mais est-ce bien tout ? Et si on essayait de lister tout ce que produit l’économie ? La liste serait en fait très longue. Comme nous l’avons vu, l’économie est un ensemble d’activités humaines qui visent à produire des services (qui seront échangés) : ces activités sont ce qu’on appelle le travail. Et bien en travaillant dans le but de produire un service, on produit bien d’autres choses que ce service. Prenons l’exemple du producteur de canne à sucre, qui vend de la canne à sucre coupée et sans feuilles. Il a donc aussi obtenu des feuilles de canne (en plus des tiges de canne à sucre) dont il doit se débarrasser ou réutiliser, mais qu’il n’échangera pas. Il a aussi (par exemple) produit un champ qu’il traite avec des engrais et des pesticides, alors qu’au départ il n’y avait qu’une parcelle de forêt tropicale. Ou encore, il produit du CO2, ou d’autres gaz qui s’échappent de ses machines, ou qui émanent de ses engrais. Par cet exemple, on voit que le travail, et donc l’économie, transforment l’environnement, en plus de produire un service.

Ces transformations de l’environnement peuvent parfois toucher certaines autres personnes, qui n’ont rien à voir avec l’échange final de la canne à sucre. Par exemple, peut-être qu’une dame venait cueillir des fruits dans la forêt qui était là avant la plantation de cannes à sucre, et elle ne peut plus le faire aujourd’hui puisque la fôret a été coupée. Ou bien peut-être qu’un habitant du coin trouve que les engrais dans cette nouvelle plantation polluent l’eau qu’il boit. Ces effets sur d’autres gens que ceux impliqués dans l’échange sont appelés des externalités. Les deux exemples donnés sont des externalités négatives, car elles embêtent les gens autour. On peut aussi avoir des externalités positives, qui sont sympas pour les gens autour. Par exemple, peut-être que la nouvelle plantation a fait construire une route pour y mener, et que ça a bénéficié à d’autres gens que ceux de la plantation. Ou peut-être que les enfants qui habitent à côté de la plantation sont maintenant contents de pouvoir piquer en douce quelques tiges pour les mâchouiller et récupérer le sucre (je confirme, c’est très bon 😉 ).

Et oui, il y en a qui profitent des externalités positives ! | pixgood.com
Et oui, il y en a qui profitent des externalités positives ! | pixgood.com

Vous le voyez, l’économie est une machine gigantesque (encore un système complexe, comme le climat !), dont tout le monde est acteur (en tant que travailleur, que consommateur, ou les deux), et qui touche tout le monde par les innombrables externalités qu’elle génère. La période de l’histoire que nous vivons est particulière pour l’économie, et c’est pour cela que les théories utilisées actuellement en économie sont de plus en plus remises en cause. Ce qui est nouveau de nos jours pour l’économie, c’est que ces fameuses externalités négatives que notre système économique génère prennent beaucoup (voire trop ?) d’ampleur : l’une de ces externalités majeures, nous l’avons vu dans la section Climat, est le fameux dérèglement climatique. Une autre de ces externalités est ce qu’on appelle la crise économique. Encore une autre externalité forte est notre dépendance aux énergies fossiles, comme nous le voyons en ce moment dans la section Energie.

Bref, il faut garder à l’esprit que certes l’économie nous apporte des services en pagaille et des externalités positives, mais qu’en contrepartie il faut travailler d’autant plus qu’on propose de services, et qu’on subit certaines externalités négatives. Si la contrepartie dépasse les bienfaits, peut-on toujours dire que l’économie est à notre service, ou bien faut-il en conclure que nous sommes au service de l’économie ?