Tous les articles par Nicolas Raillard

Moi mon climat, je l’ai eu gratos!

Pourquoi je parle autant du climat dans ce blog, alors que c’est sensé être un blog sur l’avenir du monde ? :roll: Ha, en voilà une bonne question ! Ba oui, c’est vrai, le climat a toujours existé et il est plutôt sympa avec nous dans pas mal d’endroits quand même. Cool quoi le type…Mais il est tellement cool qu’on ne le remarque même plus ! Alors pourquoi lui prêter attention ? Déjà il commence à nous « poker » un peu (Hé psst, je suis là !). Mais on a aussi beaucoup à gagner à se rendre compte de ce qu’il est vraiment pour nous et de ce qu’il nous apporte.

Le climat, un service gratos !

Nos maisons ne sont pas trop loin d’endroits où des plantes peuvent pousser pour manger, et ne sont pas dans l’eau. Si la situation change et que rapidement les plantes ne poussent plus, ou que nos maisons sont régulièrement inondées, alors les habitants vont devoir laisser leur maison pour aller vivre ailleurs, où on les accueillera plus ou moins bien. Tout ça pour dire que le climat, on n’y pense pas tant que tout va bien, mais on se rend compte quand il pète un plomb que c’était une partie de notre vie très importante. Certains experts disent que le climat est un « service naturel ». C’est pas faux si on y réfléchit : la bonne température est là gratuitement, la bonne quantité d’eau aussi, la bonne vitesse de vent, pas trop d’orages, pas trop de grêle, etc.

Mais si jamais le climat change trop vite, alors les services peuvent disparaître ou se déplacer rapidement, et le reste ne suit pas forcément (les plantes, nos maisons, nos routes, etc ne bougent pas très vite…). C’est ce qu’il se passe dans Interstellar d’ailleurs (le bon climat est parti et c’est un climat de tempêtes de poussière sèche qui a pris le relais… Bof bof quoi), au point que même les américains ne peuvent plus sauver la planète, c’est dire !! 😛 L’extinction des dinosaures est aussi due à un changement climatique, causé par des poussières dans l’atmosphère qui ont diminué la quantité de rayons du Soleil atteignant la Terre (mais cette fois-ci, les américains nous sauvent la mise en réussissant à ressusciter les dinos, dans Jurassik Park. Ouf !). Bref, un changement de climat peut avoir de grosses conséquences.

Hou la belle tempête de sable ! C'est pas dans Interstellar, c'est à Ryad en vrai | http://www.paperblog.fr/
Hou la belle tempête de sable ! C’est pas dans Interstellar, c’est à Ryad en vrai | http://www.paperblog.fr/

Et si le climat faisait grève…?

Si ce service naturel ne fonctionne plus correctement, c’est comme quand la SNCF fait grève pendant les vacances : ça fiche la pagaille dans tous nos plans. Comme la SNCF est sympa, elle nous dit à l’avance quand aura lieu la grève, où, et quelle importance elle aura. Et rien que ça, ça nous aide bien, on peut s’organiser différemment, on peut adapter nos plans, décider de décaler nos vacances, de partir ailleurs, ou de rester au coin du feu. Mais bon c’est quand même la galère… Le top du top, c’est quand la SNCF nous explique pourquoi ses cheminots vont faire grève. Parce que là, on peut même éviter carrément la grève en faisant ce qu’il faut pour stopper le mécontentement des cheminots. Si leurs raisons de faire grève n’existent plus, la grève est annulée, et à nous les belles vacances (en train 😉 ). Tout ça pour dire que mieux on comprend la grève, plus on est capable de s’y adapter, ou même de l’éviter complètement ! Le climat, c’est la même chose : mieux on le comprend, mieux on sera capable de s’adapter s’il change (les chercheurs appellent ça l’adaptation au dérèglement climatique, logique). Encore plus fort : si on comprend pourquoi notre climat aurait envie de faire grève, on pourrait tout simplement éviter la grève totale. C’est ce que les chercheurs appellent la mitigation du dérèglement climatique (Houla, ça c’est encore un mot anglais 😕 . Ça veut dire « atténuation » en français 😉 ). Savoir si le climat a envie de faire grève, c’est un autre sujet duquel je parlerai dans un autre post :)

Vous l’avez bien compris, il est très utile de comprendre le climat pour être capable de s’y adapter, et pour l’amadouer s’il le faut. Ca permettrait d’éviter de se refaire une petite partie d’Interstellar version réalité… 😕

Pourquoi maintenant, et pendant combien de temps ?

On a vu que le climat a commencé à changer doucement, en apparence depuis 1910. On a aussi dit que tout ça, c’était dû à nos émissions de CO2 quand on brûle du charbon, du pétrole, ou du gaz. Sauf que l’utilisation du charbon dans les trains et les usines a commencé vers 1840 à grande échelle, lors de la « révolution industrielle ». C’est 70 ans avant que le climat ne commence « officiellement » à bouger !

Le climat en pièces détachées

Le climat serait-il si lent à réagir ? 😕 Et oui… Le temps que le CO2 s’accumule dans l’atmosphère, et donc qu’il amplifie suffisamment l’effet de serre, puis le temps que tout le « système climatique » réagisse, il faut au moins cette durée. Le « système climatique » ?? Pff, encore un mot pompeux de scientifique ! Voici quelques explications pour s’en sortir quand même :

C’est quoi un vélo..?

Allez, un tout petit peu de théorie pour commencer : un système, c’est plusieurs éléments qui interagissent ensemble pour donner un comportement, compréhensible plus facilement que si on regardait juste les éléments du système un par un. Je m’explique : si je montre un vélo pièce par pièce à quelqu’un qui n’a jamais vu un vélo entier, et que je lui raconte comment est placée chaque pièce sans lui montrer le résultat final, le type va avoir beaucoup de mal à voir que ça sert à s’asseoir dessus et à rouler. Par contre si je lui montre tout monté et que je lui laisse le temps de jouer avec, il y a plus de chance qu’il comprenne comment ça marche.

Heu... A quoi ça sert déjà ton machin ? | http://velosvintage.over-blog.com/page/5
Heu… A quoi ça sert ton machin ? | http://velosvintage.over-blog.com/page/5
C’est quoi un climat..?

Le climat, c’est un peu pareil. Pour se faire une idée des « pièces détachées » du climat, il faut penser à tout ce qui peut modifier l’atmosphère (ce qui réchauffe/refroidit l’air, ce qui y ajoute de l’eau, du CO2, d’autres éléments, ce qui met l’air plus ou moins sous pression, etc). Par exemple, moi, je modifie l’atmosphère quand je respire (du coup, tout le temps, en fait 😉 ). Mais je ne compte pas pour beaucoup.

Ce qui compte vraiment, c’est d’abord comment le soleil réchauffe l’atmosphère (donc s’il est « en forme », et comment la Terre se situe par rapport  à lui). Il y a aussi les océans (qui absorbent beaucoup des rayons du soleil, qui absorbent du CO2…), la végétation (qui en absorbe aussi, et qui influe sur la quantité d’eau dans l’atmosphère), les volcans (qui obscurcissent le soleil, souvenez-vous de la crise de ce cher Eyjafjallajökull en Islande 😉 ), et encore d’autres éléments. Et tout ce petit monde s’amuse ensemble, et si je veux comprendre ce qu’il va se passer globalement entre eux, je ne peux pas me contenter de regarder les éléments un par un, il faut aussi que je comprenne comment ils interagissent !

Dynamique et thermodynamique du Climat, Didier PAILLARD, Corentin HERBERT
Le climat en personne !

Le climat, pas vraiment une flèche…

Bon, revenons à nos moutons, sur la lenteur du « système climatique ». En fait, c’est que les océans réagissent lentement : il leur faut du temps pour qu’ils se réchauffent, et donc pour qu’ils modifient le climat (on voit que l’océan met beaucoup plus de temps à se réchauffer que l’air quand on est en vacances à la plage : c’est vers fin août que l’eau est la plus chaude, et pas encore en plein juillet. Et je ne vous raconte pas, c’est encore plus lent pour les eaux profondes !).

On réchauffe lentement…

Cette lenteur des océans joue beaucoup sur le temps que met le climat à réagir à tout le CO2 qu’on déverse dans l’atmosphère. L’idée, c’est qu’en augmentant l’effet de serre par nos émissions de CO2, on renvoie plus de rayons vers la surface de la Terre. Donc, on en renvoie plus vers les continents, mais aussi, évidemment, plus vers les océans. Les océans se réchauffent lentement, parce que la quantité d’eau à chauffer est très grande, et parce qu’ils sont « lents » à réagir à la chaleur. D’autre part, ils sont plus étendus que les continents. Au final, beaucoup de rayons dus à l’effet de serre servent à réchauffer l’océan, et ce n’est que plus tard, lorsque les océans ont été suffisamment réchauffés, que leurs mouvements sont modifiés et qu’ils retransmettent leur chaleur à l’atmosphère. Pour toutes ces raisons, le climat est une machine très lente, c’est pourquoi on ne commence à ressentir le changement climatique que maintenant…Et on ne ressentira le changement dû à ce qu’on émet aujourd’hui que dans 20 ou 30 ans ! :roll:

Mais pour refroidir, ça va être encore plus lent !!

Et dans l’autre sens (si jamais on veut « refroidir » le climat), c’est encore pire ! Parce qu’autant on peut mettre très rapidement dans l’atmosphère beaucoup de CO2 (on en a plein dans le pétrole et le charbon, et il suffit de les faire brûler), autant personne n’a jamais inventé une machine qui récupérerait du CO2 qui s’est brassé dans toute l’atmosphère autour du globe…

Nos technologies pour récupérer le CO2 déjà émis…
Hoo, le belle technologie récupératrice de carbone ! :P
Hoo, le belle technologie récupératrice de carbone ! :P

En fait si, une telle machine existe déjà et s’appelle… un arbre qui grandit (en fait, toutes les plantes qui grandissent jouent ce rôle. Et plus elles sont « touffues », plus c’est qu’elles ont récupéré de CO2). Et oui, un arbre qui grandit, c’est du CO2 qui est pris dans l’atmosphère et qui est fixé dans l’arbre. Mais on émet tellement de CO2 que nos arbres et nos plantes ne suivent pas la cadence. On a une seconde machine magique qui fonctionne pour nous gratuitement pour enlever un peu de CO2 de l’atmosphère, ce sont les océans. Nos océans cherchent à équilibrer le CO2 entre l’air et eux-mêmes : s’il y a trop de CO2 dans l’air par rapport à ce qu’il y a dans l’eau, et bien l’eau rééquilibre en en prenant une part… Mais l’océan ne récupère seulement qu’une part du CO2, pas plus ! Ensuite, tant que le CO2 est dans l’air, il continue tranquillement à « effet-de-serriser » l’atmosphère. En gros, au bilan, si les arbres continuent de bien fonctionner, et les océans aussi, on se dit qu’il faut à peu près 200 ans pour qu’une tonne de CO2 que j’émets disparaisse de l’atmosphère. Si vous avez tout suivi, le CO2 qu’on balance maintenant dans l’atmosphère va continuer à changer le climat jusqu’à nos arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière petits enfants. Bref, c’est un peu important comme truc ! :roll:

Qui *ose* toucher à mon climat ??

Quand je parle de changement climatique autour de moi (oui ça m’arrive, par exemple quand je sors en T-shirt début novembre à Paris 😯 ), certains me disent que oui, il y a un changement climatique, mais que de toutes manières les êtres humains on n’y est pour rien, alors il n’y a rien à faire. En fait, ce serait la nature, qui aurait soudain décidé de changer de climat, vers l’année 1910 (c’est à ce moment qu’on commence à voir la température globale qui augmente. Je mets la courbe du GIEC, c’est juste pour voir que ça grimpe).

Courbe giec

Evidemment, ceux qui me disent que la nature a décidé ça toute seule ne savent pas bien pourquoi la nature aurait choisi de faire ça, et pourquoi à ce moment-là (et en général ils s’en fichent d’ailleurs). Mais ils se disent qu’il y tellement de choses qui influent sur le climat qu’il doit être facile d’en trouver une à laquelle les chercheurs n’ont pas encore pensé (élémentaire mon cher Watson) !

Alors, qu’en pensent nos chercheurs ?

Et oui, les chercheurs du monde entier, qui travaillent sur le sujet pendant plusieurs années de leurs vies, auraient oublié quelque chose, quelque chose qui expliquerait tous les changements de climat qu’on observe depuis 1910, voila l’explication ! En vérité, ce que les chercheurs savent, c’est que personne ne sait expliquer le changement climatique si on dit que l’être humain n’y est pour rien (mais si vous, vous trouvez, appelez-les 😉 ). Par contre, si on suppose que l’être humain y est pour quelque chose, alors tout s’explique très bien ! En fait, aucune équipe de chercheurs reconnue au monde n’est capable d’expliquer le réchauffement climatique en se basant sur l’idée que les êtres humains ne jouent aucun rôle. Par contre, toutes ces équipes de chercheurs expliquent facilement les changements de climat qu’on commence à voir dès le moment qu’ils supposent que les êtres humains y sont pour quelque chose. Comme les chercheurs sont très prudents, ils disent pudiquement qu’il y a « 95% de chance » que l’être humain soit à l’origine du changement climatique qu’on observe. Si on traduit ça en français de tous les jours, ca veut dire que nous, les êtres humains, nous sommes en train de modifier le climat de notre planète ! Flippant non ?

Heu, ya pas comme un problème de taille ?

Ba oui, comment est-il possible que de tous petits êtres humains sur une planète si grosse puissent changer le climat de leur si grosse planète ? Clairement, une partie de l’explication est qu’on est beaucoup, beaucoup d’êtres humains, et donc notre si grosse planète n’est plus si grosse que ça pour tout ce monde. Une autre partie de la réponse est que chacun d’entre nous, pris individuellement, consomme de plus en plus de choses. Ces choses, bien sûr, sont prises sur la planète sur laquelle on habite. Par exemple, mon Smartphone est fait avec beaucoup de silicium, qui est un constituant de la croûte terrestre. Si je change de Smartphone tous les ans, je consomme 2 fois plus de silicium que si je le change tous les 2 ans. Comme chacun d’entre nous consomme de plus en plus, et bien on prélève chacun de plus en plus de ressources.

Consommer… C’est bien ou c’est pas bien ?

Bon, quel est le rapport avec le climat ? En fait, plus on consomme, plus on rejette de déchets. Je m’explique… D’abord, qu’est-ce qu’un déchet ? Un déchet, ce n’est pas forcement quelque chose de sale ou de dégouttant, c’est juste le produit d’une activité qui n’est pas destiné à être utilisé. Par exemple, si je découpe de jolis papillons dans une feuille de papier Canson pour fabriquer une carte d’anniversaire à ma petite sœur, et bien je garderai les papillons, et les autres bouts de papier seront les déchets. En fait, l’un de nos plus gros déchets, sans qu’on s’en rende compte, c’est le fameux CO2. Ba oui, c’est un gaz invisible, et non toxique, alors forcément on n’y pense pas !

La vie d’un ordi dans le ventre de sa maman, avant qu’il pointe son nez à la FNAC

Après, pas forcément besoin de prendre sa voiture, ou de prendre l’avion, pour cracher du CO2. Acheter un ordinateur, par exemple, ca suffit à émettre… 1000 kg de CO2 !! Oui, juste aller à la FNAC, acheter l’ordi, et rentrer chez soi… Bon ok, c’est juste une façon de parler… La vérité, c’est que le CO2 a été émis pendant toute la fabrication de l’ordinateur, donc quand on l’achète, le CO2 a déjà été émis. Depuis le moment où une énorme machine a extrait les métaux utiles à la fabrication de l’ordi, jusqu’au moment où l’ordi est arrivé à la FNAC tout beau tout fini, et bien mon futur ordi est passé par des phases de transport, par des phases de cuisson, par des phases où on a écrasé des pièces en métal, par des phases où encore d’autres machine ont fait du travail à la chaine… Au final, toutes ces belles machines mangent beaucoup de pétrole, et de charbon (surtout en Chine !), et elles rejettent… beaucoup de CO2 ! En gros, 675kg de CO2 pour fabriquer l’écran plat de mon ordi, et 325 kg pour fabriquer le reste 😯 .

Coucou petit camion de la mine de Silicium pour fabriquer mon ordi :)
Coucou petit camion de la mine de Silicium pour fabriquer mon ordi :)
Et la vie de tout ce que j’achète !!

Mais bon, l’ordi ce n’est qu’un exemple, parce qu’en fait quasiment tout ce qu’on consomme a produit du CO2 comme déchet (certains produits indiquent la quantité de CO2 qui a été émise pour les produire. Par exemple, pour produire le café que je bois, il faut émettre plus de kilos de CO2 que le nombre de kilos de café produit !). C’est pour ça que je dis que dès que j’achète quelque chose, j’émets du CO2. Parce que si j’arrêtais d’acheter un ordi tous les ans, et qu’à la place j’en achetais un tous les 3 ans, et bien la fabrication des ordis tournerait un peu moins, et donc toutes les machines, mises bout à bout, qui produisent les ordis, tourneraient un peu moins, et donc émettraient un peu moins de CO2. Vous suivez ? :roll:

On crache du CO2 comme des pompiers !

Bon je résume, parce qu’on s’est éloigné de notre sujet : on est de plus en plus d’êtres humains sur terre, et dès qu’on consomme quelque chose, on émet du CO2. Comme on consomme chacun beaucoup (et de plus en plus), le bilan est qu’on émet des tonnes et des tonnes de CO2 dans l’atmosphère chaque année. Imaginez  le nombre de tonnes, sachant que rien qu’en achetant un ordi portable, on émet 1 tonne ! En vérité, les chercheurs qui mesurent ce que devient le CO2 une fois qu’il est parti dans l’atmosphère disent qu’on émet 30 milliards de tonnes de CO2/an (c’est 3 fois la masse de la comète Tchoury sur laquelle s’est posé Philae)… Evidemment, tout cela s’accumule dans l’atmosphère, malgré nos arbres qui essayent d’en récupérer une partie, et nos océans aussi. Bien sur, toutes ces émissions de CO2 amplifient l’effet de serre dans l’atmosphère. Et comme ce sont des quantités pharamineuses de CO2 qu’on émet, et bien… Cela modifie le climat de notre grosse planète !

La comète Tchoury, si elle était posée à côté de Los Angeles
La comète Tchoury, si elle était posée à côté de Los Angeles

Donc oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, nous sommes en train de modifier notre climat. Ca fait peur dans un sens, parce que le dérèglement climatique n’est vraiment pas un cadeau que l’on se fait (mais alors, je n’insisterai jamais assez dessus, vraiment, vraiment pas un cadeau !). Dans un autre sens, c’est rassurant parce que ce n’est pas une fatalité : on peut encore agir pour limiter la casse :) !

Le cri du monde !

Le monde pousse un cri !

En voilà une grande nouvelle : les français pensent que leur vie sera affectée par le changement climatique, et donc ils se disent qu’il serait bien que nos politiques se bougent et proposent des objectifs ambitieux pour limiter le changement climatique. La bonne nouvelle n’est pas que notre vie soit affectée par le changement climatique, ça non, mais plutôt qu’on commence à s’en rendre compte.

Normal non, vues les inondations à répétition (en France et Angleterre en janvier 2014), les tempêtes de plus en plus violentes (La « tempête du siècle » en 1999, Katrina en 2005, le cyclone le plus puissant de l’histoire, en 2013 (Philippines)…), les records de canicule et de sécheresse mondiaux qui tombent un par un à une cadence effrayante (France 2003, Russie 2010, Australie 2013, Californie 2014) ? 😕 Les dernières études trouvent même que 12 des 13 années les plus chaudes de l’histoire (depuis qu’on enregistre les données météo) sont arrivées après l’an 2000 !

L'Angleterre a "pris cher" début 2014 | AP/Steve Parsons
L’Angleterre a « pris cher » début 2014 | AP/Steve Parsons

Ce qui est certain, c’est que tout cela colle très bien avec ce que les chercheurs du monde entier prévoyaient déjà en 2001… Il suffit de lire les prévisions du GIEC (le groupe de référence qui réunit tous les résultats que les chercheurs en climat produisent) dans son rapport de 2001 (ici). Et pas de bol, ils prévoient que ça empire encore pendant plus de 100 ans… Surtout si rien ne change !

L’heure du réveil ?

Alors pourquoi se réveille-t-on maintenant ? Pourquoi faudrait-il faire quelque chose maintenant plutôt qu’à un autre moment ?

En réalité, c’est que maintenant, on commence à ressentir que le climat change. Avant, soit on connaissait la théorie, soit on ne la connaissait pas. C’était plutôt une question d’intérêt scientifique. Oui, les chercheurs, et le public qui s’intéresse à la science du climat, savent déjà que le climat change, dans quelles directions il change, et pendant combien de temps il va continuer à changer [gloups 😕 ]. Mais les autres, nous, les petits habitants de la France, nous découvrons le changement climatique « en vrai ». Ca y est, il arrive, et on commence à deviner à quoi il ressemble. On commence à cerner l’ampleur de cette bête dont tout le monde avait déjà au moins entendu parler, sous le nom de réchauffement climatique [silence horrifié dans la salle ].

Réchauffement, ou dérèglement ?

Réchauffement ? Pourquoi ce nom ? C’est dû au mécanisme physique qui produit ce changement, l’effet de serre. Oui oui, c’est bien connu, dans une serre il fait plus chaud qu’à l’extérieur, d’où le nom de réchauffement ! Bon, plus précisément, c’est que certaines molécules de l’atmosphère interceptent des rayons qui étaient émis par le sol, et les renvoient vers le sol. Exactement comme la vitre d’une serre, qui empêche certains rayons de s’échapper et les renvoie vers l’intérieur de la serre. Effectivement, dans une serre, on sent un réchauffement, et pas grand-chose d’autre. Mais l’atmosphère entière est tellement complexe qu’il y aura d’autres effets, en plus du réchauffement. Grosso modo, l’effet de serre met de plus en plus d’énergie dans l’atmosphère, alors ça l’agite cette pauvre atmosphère. Un peu comme au billard, quand la boule blanche arrive à fond sur le tas des autres boules bien rangées en triangle : ça agite tout ce petit monde et ça fiche la pagaille ! C’est pour ça que maintenant, pour le climat, les chercheurs parlent plutôt de dérèglement.

Donc, ce dérèglement ?

Ce que prévoient les milliers de chercheurs qui travaillent sur ce sujet depuis une quarantaine d’années, c’est qu’effectivement, sur les terres, il y aura de plus en plus de jours chauds, donc de plus en plus de canicules. Il y aura aussi plus de fortes pluies et d’inondations dans les régions pluvieuses, et plus de sécheresses dans les régions sèches. Les tempêtes, cyclones, ouragans, seront aussi plus puissants.

Toutes ces prévisions, ce sont les choses qu’on va ressentir. En vérité, ce que je ressens, c’est l’inondation de ma maison, la canicule qui détruit les cultures de ce que je mange d’habitude, la mort de mes proches dans un cyclone… Bon OK, c’est pas méga joyeux ce que je raconte, je m’arrête là 😕 . Mais tout ça pour dire que ce n’est pas le réchauffement global que je ressens. Ce que je ressens, ce sont les événements lorsqu’ils arrivent autour de moi, ou autour de ceux qui me sont chers. C’est ce qu’il s’est passé début 2014 avec les inondations, les tempêtes à répétition en Bretagne ; avec la canicule de 2003, avec la tempête de 1999. Le dérèglement climatique est chez nous. C’est pour ça qu’on se dit maintenant qu’il faut faire quelque chose.

Le monde parle et nos anciens l’entendent

Je suis de la génération qui a grandi dans les années 90 ; dans ma génération, à chaque fois qu’on voit un événement météo à la télévision, on nous dit que c’est le plus puissant, que c’est un record, que c’est du jamais vu de vie d’homme. C’est d’ailleurs ce que me disait ma grand-mère suite à la tempête de 1999. Finalement, j’avais tendance à me dire que les plus âgés exagéraient toujours en disant qu’avant c’était mieux, et je me disais que les médias faisaient juste du sensationnel.

Mais depuis peu, je m’intéresse à ce que nous disent les chercheurs, ceux qui mesurent ce qu’il s’est vraiment passé, et qui ont les informations nécessaires pour pouvoir dire des choses du genre « cet événement est le plus puissant depuis qu’on enregistre des données sur la météo ». Je me suis aperçu qu’ils confirmaient ce que les gens ressentaient : les canicules sont bel et bien plus chaudes et plus longues, les tempêtes plus puissantes et dévastatrices. En fait, je suis encore trop jeune pour voir le changement : les événements records, ce n’est pas un changement pour moi, ça arrive régulièrement, au jour le jour.

Finalement, le changement climatique, c’est la routine des gens de ma génération, si bien qu’on n’y prête plus trop attention. Mais en m’intéressant à ce qu’il se passait avant moi, en écoutant les anciens en parler, et en écoutant ce que les chercheurs avaient enregistré par le passé, j’ai découvert qu’en fait, le changement (climatique), c’est maintenant !

A quoi il est dû, et comment éviter la cata (et même, est-ce encore possible ?), deux très vastes questions que j’aborderai dans d’autres posts :)