Le monde pousse un cri !
En voilà une grande nouvelle : les français pensent que leur vie sera affectée par le changement climatique, et donc ils se disent qu’il serait bien que nos politiques se bougent et proposent des objectifs ambitieux pour limiter le changement climatique. La bonne nouvelle n’est pas que notre vie soit affectée par le changement climatique, ça non, mais plutôt qu’on commence à s’en rendre compte.
Normal non, vues les inondations à répétition (en France et Angleterre en janvier 2014), les tempêtes de plus en plus violentes (La « tempête du siècle » en 1999, Katrina en 2005, le cyclone le plus puissant de l’histoire, en 2013 (Philippines)…), les records de canicule et de sécheresse mondiaux qui tombent un par un à une cadence effrayante (France 2003, Russie 2010, Australie 2013, Californie 2014) ? 😕 Les dernières études trouvent même que 12 des 13 années les plus chaudes de l’histoire (depuis qu’on enregistre les données météo) sont arrivées après l’an 2000 !
Ce qui est certain, c’est que tout cela colle très bien avec ce que les chercheurs du monde entier prévoyaient déjà en 2001… Il suffit de lire les prévisions du GIEC (le groupe de référence qui réunit tous les résultats que les chercheurs en climat produisent) dans son rapport de 2001 (ici). Et pas de bol, ils prévoient que ça empire encore pendant plus de 100 ans… Surtout si rien ne change !
L’heure du réveil ?
Alors pourquoi se réveille-t-on maintenant ? Pourquoi faudrait-il faire quelque chose maintenant plutôt qu’à un autre moment ?
En réalité, c’est que maintenant, on commence à ressentir que le climat change. Avant, soit on connaissait la théorie, soit on ne la connaissait pas. C’était plutôt une question d’intérêt scientifique. Oui, les chercheurs, et le public qui s’intéresse à la science du climat, savent déjà que le climat change, dans quelles directions il change, et pendant combien de temps il va continuer à changer [gloups 😕 ]. Mais les autres, nous, les petits habitants de la France, nous découvrons le changement climatique « en vrai ». Ca y est, il arrive, et on commence à deviner à quoi il ressemble. On commence à cerner l’ampleur de cette bête dont tout le monde avait déjà au moins entendu parler, sous le nom de réchauffement climatique [silence horrifié dans la salle ].
Réchauffement, ou dérèglement ?
Réchauffement ? Pourquoi ce nom ? C’est dû au mécanisme physique qui produit ce changement, l’effet de serre. Oui oui, c’est bien connu, dans une serre il fait plus chaud qu’à l’extérieur, d’où le nom de réchauffement ! Bon, plus précisément, c’est que certaines molécules de l’atmosphère interceptent des rayons qui étaient émis par le sol, et les renvoient vers le sol. Exactement comme la vitre d’une serre, qui empêche certains rayons de s’échapper et les renvoie vers l’intérieur de la serre. Effectivement, dans une serre, on sent un réchauffement, et pas grand-chose d’autre. Mais l’atmosphère entière est tellement complexe qu’il y aura d’autres effets, en plus du réchauffement. Grosso modo, l’effet de serre met de plus en plus d’énergie dans l’atmosphère, alors ça l’agite cette pauvre atmosphère. Un peu comme au billard, quand la boule blanche arrive à fond sur le tas des autres boules bien rangées en triangle : ça agite tout ce petit monde et ça fiche la pagaille ! C’est pour ça que maintenant, pour le climat, les chercheurs parlent plutôt de dérèglement.
Donc, ce dérèglement ?
Ce que prévoient les milliers de chercheurs qui travaillent sur ce sujet depuis une quarantaine d’années, c’est qu’effectivement, sur les terres, il y aura de plus en plus de jours chauds, donc de plus en plus de canicules. Il y aura aussi plus de fortes pluies et d’inondations dans les régions pluvieuses, et plus de sécheresses dans les régions sèches. Les tempêtes, cyclones, ouragans, seront aussi plus puissants.
Toutes ces prévisions, ce sont les choses qu’on va ressentir. En vérité, ce que je ressens, c’est l’inondation de ma maison, la canicule qui détruit les cultures de ce que je mange d’habitude, la mort de mes proches dans un cyclone… Bon OK, c’est pas méga joyeux ce que je raconte, je m’arrête là 😕 . Mais tout ça pour dire que ce n’est pas le réchauffement global que je ressens. Ce que je ressens, ce sont les événements lorsqu’ils arrivent autour de moi, ou autour de ceux qui me sont chers. C’est ce qu’il s’est passé début 2014 avec les inondations, les tempêtes à répétition en Bretagne ; avec la canicule de 2003, avec la tempête de 1999. Le dérèglement climatique est chez nous. C’est pour ça qu’on se dit maintenant qu’il faut faire quelque chose.
Le monde parle et nos anciens l’entendent
Je suis de la génération qui a grandi dans les années 90 ; dans ma génération, à chaque fois qu’on voit un événement météo à la télévision, on nous dit que c’est le plus puissant, que c’est un record, que c’est du jamais vu de vie d’homme. C’est d’ailleurs ce que me disait ma grand-mère suite à la tempête de 1999. Finalement, j’avais tendance à me dire que les plus âgés exagéraient toujours en disant qu’avant c’était mieux, et je me disais que les médias faisaient juste du sensationnel.
Mais depuis peu, je m’intéresse à ce que nous disent les chercheurs, ceux qui mesurent ce qu’il s’est vraiment passé, et qui ont les informations nécessaires pour pouvoir dire des choses du genre « cet événement est le plus puissant depuis qu’on enregistre des données sur la météo ». Je me suis aperçu qu’ils confirmaient ce que les gens ressentaient : les canicules sont bel et bien plus chaudes et plus longues, les tempêtes plus puissantes et dévastatrices. En fait, je suis encore trop jeune pour voir le changement : les événements records, ce n’est pas un changement pour moi, ça arrive régulièrement, au jour le jour.
Finalement, le changement climatique, c’est la routine des gens de ma génération, si bien qu’on n’y prête plus trop attention. Mais en m’intéressant à ce qu’il se passait avant moi, en écoutant les anciens en parler, et en écoutant ce que les chercheurs avaient enregistré par le passé, j’ai découvert qu’en fait, le changement (climatique), c’est maintenant !
A quoi il est dû, et comment éviter la cata (et même, est-ce encore possible ?), deux très vastes questions que j’aborderai dans d’autres posts