C’est bien connu, dans notre monde, et à notre époque, plus rien n’est impossible. D’ailleurs, les plus grandes entreprises du monde sont d’accord avec moi. « Just do it ! », nous dit Nike. Traduisez : « Hé, si t’as envie de faire quelque chose, arrête de réfléchir et fais-le ! ». Et comme je ne suis pas bête, je comprends que tout est possible, puisqu’il suffit que j’en ai envie pour pouvoir réaliser toutes les choses. En définitive ma seule limite est mon imagination ! Adidas disait même directement : « Impossible is nothing », c’est-à-dire : « l’impossible n’est pas grand-chose pour toi, porteur de chaussures Adidas ! ». Bref, notre société et notre système économique font tout pour nous faire croire que toutes nos envies sont réalisables (surtout si on achète les chaussures Adidas). Et nous forcément, on y croit ! Parce que c’est beau de rêver, ça fait du bien de se croire tout puissant. Par contre, quand on enfile enfin les fameuses chaussures Adidas, il ne se passe pas grand-chose de plus qu’avec d’autres chaussures… Quand j’achète la nouvelle SEAT, avec son slogan « auto emocion » (« Waou, ressens plein de trucs fous avec notre voiture SEAT ! »), je ressens une super vitesse que je ne ressens pas avec mes chaussures Adidas. D’ailleurs je peux carrément dire qu’avec mes chaussures Adidas, il m’est impossible de promener mon chien à pieds à 60km/h (et heureusement pour lui, sauf si je lui ai aussi acheté les mêmes chaussures !). Avec ma SEAT, je peux promener mon chien à 60km/h, il suffit que je le prenne avec moi dans la voiture 😉 .
Un monde où tout est possible : le rêve quoi !
Alors comment se fait-il qu’on nous dise à longueur de journée que tout est possible, alors qu’il est par exemple impossible de courir à 60km/h avec des chaussures Adidas ? (Si vous y arrivez, envoyez-moi votre vidéo ! Je la posterai sans faute dans cet article, et c’est la gloire assurée !) Il faut bien sûr se rappeler de notre petite histoire de l’énergie. Cela fait plus de 150 ans que notre monde change de plus en plus vite. On pense souvent à la technologie et à l’innovation pour expliquer le progrès, mais on a vu que les inventions étaient « juste » de supers idées pour réussir à utiliser de l’énergie de la bonne manière. Par exemple, un vélo est une invention qui consiste à utiliser l’énergie de nos muscles pour nous faire aller de chez nous jusqu’à chez nos amis avec peu d’efforts, et plus vite qu’avec les chaussures Adidas. Un ordinateur est une invention qui nous permet d’utiliser l’électricité pour nous rendre des « services » variés. Si on regarde l’ensemble des inventions, on voit qu’elles nous servent à utiliser le moins possible nos petits muscles, parce que les pauvres sont beaucoup moins efficaces que les autres sources d’énergies ! Dès que possible, on remplace les gens par des machines, qui utilisent des énergies beaucoup plus « concentrées » que celle de nos muscles, et on dit « Waouh, c’est beau le progrès ! »
Un rêve des années 70
Alors oui, avec toute cette énergie disponible, et les innovations qui nous permettent d’utiliser cette énergie de mieux en mieux, on est capable de faire de plus en plus de choses. Et il se trouve que nos parents, ceux qui on vécu pendant les trente glorieuses (1945-1973, et d’ailleurs c’est le cas de beaucoup de nos hommes politiques), ont connu cette époque magique où le progrès améliorait la vie de presque tout le monde, et vraiment au jour le jour. Nous, on a un peu connu ça aussi avec Internet, les réseaux sociaux, les smartphones, ou l’avion pas cher, mais dans une moindre mesure. Mes parents ont connus les premiers (et derniers) hommes sur la Lune, alors que moi je n’ai jamais vu en direct un homme marcher sur la Lune. Bref, l’époque de nos parents a été mythique, et cela a développé une culture du « la technologie nous permettra de tout faire, de tout maîtriser, et de rendre tout le monde heureux ». En gros, à cette époque on se disait que technologie = bonheur universel. C’est peut-être pour ça que nos hommes politiques et nos économistes pensent sincèrement que pour résoudre tous nos problèmes, il faut de la recherche, de l’innovation, de la technologie, et relancer notre économie. Pas tellement besoin de réfléchir à la politique, il « suffit » de relancer l’économie et de laisser faire les entreprises pour rendre les gens heureux !
Mais.. ?
Cependant, on voit que tous les efforts des professionnels (nos chers hommes politiques) pour relancer l’économie, favoriser l’industrie, l’innovation, etc, ne marchent pas vraiment. On est en pleine « crise », le chômage augmente et nos niveaux de vie n’augmentent plus. D’ailleurs les syndicats de nos entreprise passent leur temps à expliquer qu’on régresse sans cesse, qu’on perd du pouvoir d’achat, et que ça ne va pas du tout. Alors est-ce que la technologie est en cause ? Et bien souvenons-nous que le progrès, c’est l’association de l’énergie avec la technologie. Avec de moins en moins d’énergie, je vais avoir de plus en plus de mal à avoir du progrès ! Du point de vue de notre ressenti individuel, le niveau de vie, c’est plus précisément la quantité d’énergie et de technologie par personne. Et ça nos hommes politiques et nos économistes l’oublient presque toujours, puisqu’ils ont vécus à des périodes où il n’y avait pas de problèmes de quantité d’énergie. Seule la technologie compte à leurs yeux. Alors ils veulent favoriser son développement, mais c’est oublier que sans énergie la technologie ne peut pas grand chose…
Encore cette sacrée énergie !
Bon, venons-en aux faits : se pourrait-il qu’on ait de légers problèmes avec l’énergie en ce moment en Europe, ce vieux continent en crise ? Allons de ce pas chercher quelques infos, et que trouve-t-on ?
Hé oui, depuis 2006, on consomme de moins en moins de pétrole en Europe ! Est-ce que c’est parce qu’on est devenu écolo ? 😛 Est-ce que c’est parce que nos voitures consomment de moins en moins ? Ou est-ce que c’est parce que, mon bon monsieur Michou, le pétrole était bien trop cher jusqu’à fin 2014, alors on consommait chacun un peu moins ? On peut trouver des tableaux dans des rapports un peu barbares sur Internet qui montrent que grosso modo, depuis les années 70, les voitures consomment de moins en moins, et ça, ça ne change pas spécialement depuis 2006. Idem pour les camions. Ce n’est donc pas ça qui a chamboulé soudainement notre consommation de pétrole.
On trouve aussi cette autre courbe barbare qui montre ce que je racontais à Monsieur Michou : le prix du pétrole s’est mis à grimper méchamment à partir de 2004. Et de plus en plus de spécialistes sont d’accord là-dessus : c’est bien le prix du pétrole qui a semé la pagaille dans notre économie.
Nos rêves ont un prix : celui de l’or noir !
Résumons un peu : le prix du pétrole est monté en flèche à partir de 2004, si bien que nous nous sommes mis à en consommer moins à partir de 2006. Dès 2006, nous avions donc chacun un peu moins du « super pouvoir » de se déplacer, étant donné que le pétrole est l’énergie principale du déplacement. Et 2 ans plus tard c’est la crise « financière », crise qui dure encore… Je sens que vous avez envie de me poser deux questions : En quoi le prix du pétrole compterait-il plus que le prix du gaz, ou du charbon (ce sont aussi des énergies, qui permettent donc de faire du travail !) ? Et pourquoi le prix du pétrole s’est-il mis à augmenter comme ça comme un fou ? (et en question bonus, pourquoi il se met à chuter tout aussi vite en ce moment ? )
Je ne vais répondre qu’à la première question dans cet article, parce que les 2 autres questions méritent bien un article pour elles toutes seules (oui ce sont mes deux petites chouchoutes 😉 ). Ce qu’on a vu avec le pétrole, c’est que c’est l’énergie qui est la plus facile à transporter, et c’est aussi celle à partir de laquelle on sait faire le plus de choses : faire rouler des voitures, des camions, produire de l’électricité, ou chauffer les maisons. Bref, trop utile le pétrole ! Et il se trouve que notre économie est très particulière dans le sens où elle a vraiment besoin de transports pour fonctionner. Si on enlève les camions demain, et bien on ne peut même plus manger, c’est dire ! Tout simplement parce qu’on a besoin de camions pour emmener notre nourriture dans les magasins. Et l’industrie est pareille : les usines ont sans arrêt besoin de pièces et de matières premières pour fonctionner, et tout transite par camion parfois par delà les continents. Lorsque le prix des trajets en camion augmente beaucoup par rapport au pouvoir d’achat des entreprises, ça fait rouiller tout ce beau système. Comme on n’a aucun moyen pour le moment de remplacer le pétrole dans les transports routiers, le prix du pétrole joue énormément dans l’économie !
Revenons à notre idée initiale : rien n’est impossible, « qui veut peut » !! Et bien en fait, on peut faire d’autant plus de choses qu’on a beaucoup d’énergie. C’est plutôt : « Qui veut et a assez d’énergie, peut ». Dans notre monde qui dépend beaucoup du pétrole, on peut presque dire que plus le pétrole est cher, moins on peut s’en payer, et plus il y a de choses impossibles ! Remarquez que l’Europe est particulièrement dans une mauvaise situation, car elle ne produit pas beaucoup de pétrole, et donc elle doit en acheter beaucoup à l’extérieur (à la Russie et à l’Arabie Saoudite). Elle est donc dépendante de ce que veulent bien lui laisser les pays producteurs et les autres pays qui en importent chez eux. Dans les pays producteurs de pétrole, au contraire, la crise n’a pas duré très longtemps. Par exemple aux Etats-Unis, la croissance est repartie plein pot deux ans après la crise, notamment grâce à leur pétrole de schiste : et les USA peuvent continuer à rêver de « Just do it » et de « Impossible is nothing » ! 😉