Le climat, c’est un peu comme la météo non ?
J’ai déjà raconté ici que les chercheurs en climat prévoyaient des événements un peu plus précis que juste une augmentation de température moyenne de l’atmosphère. En 2001, ils prévoyaient pas mal de choses qui sont déjà en train d’arriver. Attention, quand je dis prévoir, c’est plutôt donner les grandes tendances. D’ailleurs, que peuvent nous apprendre les chercheurs en climat ?
Le climat, c’est voir les choses en grand, et sur la durée
En gros, ce que les chercheurs peuvent nous dire avec assurance pour le moment, ce sont des phrases du genre « les ouragans seront plus puissants dans 20 ans qu’aujourd’hui ». Ils ne sont pas capables de dire « le 12 juin 2025, il fera 3°C de plus que le même jour en 2008 ». Pourquoi ? Parce que cette phrase est très précise sur l’instant de l’événement (c’est un jour précis). Les chercheurs en climat ne peuvent avoir des idées que sur une année complète ou sur une saison au moins. Par exemple, ils peuvent dire « en moyenne, l’année 2025 sera plus chaude de 2°C que l’année 1990 ». De même, ils ne peuvent pas nous éclairer sur ce qu’il se passera dans un endroit précis. Les chercheurs ne peuvent nous donner pour le moment que des informations utiles sur de grandes régions du monde, et sur de longues périodes de temps, par exemple « sur tous les continents, il y aura plus de vagues de grande chaleur en 2023 qu’en 2014 ». C’est la différence entre la science du climat et la science de la météo.
Justement, j’entends souvent les gens me dire qu’il est impossible de prévoir le climat dans 2 ans parce que même les pros de la météo sont incapables de prévoir la météo dans 15 jours. Frais ou veau ? Heu pardon : vrai ou faux ? 😛 Un exemple pour vous faire comprendre la nuance entre la météo et le climat : je peux prédire, et être sûr de moi, que dans 2 ans, le mois de juillet en France sera plus chaud en moyenne que le mois de décembre (bon ok c’est pas un scoop!). Et pourtant je suis incapable de prédire la météo précise à Paris le 14 juillet 2016 ni le 25 décembre 2016.
En gros, la base de la base de la science du climat, c’est de s’apercevoir qu’en Europe il y a quatre saisons qui reviennent régulièrement (chaque année). Je suis incapable de prédire la météo de l’année prochaine, mais je sais bien à quelle période il faudra que je plante mes tomates pour avoir plus de chances qu’elles poussent bien (de mi-avril à mi-mars, comme chacun sait 😉 ). Et ceci est possible parce que, dans les grandes lignes, j’aurai le même climat que les années d’avant. Les gens curieux ont essayé de comprendre pourquoi ça se passait comme ça, puis l’étude du climat est devenu une science. La météo, c’en est juste une autre 😉 .
Pourquoi des gens se cassent la tête à étudier le climat, au lieu de siroter des mojitos sur la plage ?
Comme vous pouvez le voir, les prédictions sur le climat ne paraissent pas très précises au premier abord, et on peut se dire qu’on ne va pas en faire grand chose… C’est vrai quoi, avec ce genre de phrases sur des moyennes, je ne peux pas savoir si chez moi, sur ma maison, il y aura une grosse tempête l’année prochaine, et donc je ne sais pas s’il faut que je renforce ma toiture… En fait, ça peut être très utile, même si ce n’est pas ultra précis (déjà, ça permet de savoir quelle époque de l’année est la meilleure pour visiter l’Argentine par exemple). Et puis la science du climat permet de sentir comment le climat change, et ça permet de voir si ça nous plait ou pas. Et comme ce sont nos activités qui créent le changement climatique, on a la chance de pouvoir choisir si oui ou non on continue comme ça !
Le climat va-t-il se mettre en grève ?
Comme on l’a déjà vu, ce ne serait pas une bonne nouvelle du tout si notre climat se mettait en grève.
Alors que prévoient les chercheurs, au juste ? On va rester du côté de chez nous pour répondre : en France, ils prévoient que les tempêtes seront plus extrêmes, et qu’il y en aura plus souvent ; ils prévoient qu’il pleuvra globalement plus en hiver, et moins en été ; et ils prévoient aussi plus de vagues de canicule 😕 .
Le cycle de l’eau bosse de plus en plus…
Mais au lieu de faire un catalogue précis de ce que les chercheurs prévoient, essayons de comprendre d’où ces prévisions viennent. L’idée principale derrière ces prévisions, c’est que le cycle de l’eau sera plus intense et plus rapide. Vous vous souvenez du cycle de l’eau, qu’on apprenait en primaire ? Le petit dessin qui montre comment l’eau s’évapore des océans et des terres, puis qu’elle forme des nuages, puis que les nuage pleuvent ou neigent, et que l’eau retourne sur la terre, puis dans les océans, lorsque la neige fond et que tout part dans les rivières. Et bien ce sera le même dessin, sauf que les flèches de l’évaporation seront beaucoup plus grosses, et que la pluie sera beaucoup plus grosse aussi.
Et au final c’est notre service climatique gratuit qui se met en grève !!
Et finalement, c’est logique : avec l’effet de serre, il y aura plus de rayons qui frapperont les terres et les océans, et donc il y aura plus d’eau qui s’évaporera dans l’atmosphère. Dans les zones sèches où l’eau s’évaporait déjà beaucoup, elle s’évaporera encore plus, et il y aura plus de sécheresses. Dans les zones humides où il pleuvait déjà beaucoup, les pluies seront encore plus grosses parce que plus d’eau se sera évaporée des océans et des continents. Et c’est pareil pour les saisons : en été, il fera encore plus sec, et en hiver, on aura plus d’inondations. C’est un peu comme si les inégalités climatiques se creusaient 😕 .
Bon tout ça ne présage rien de bon… Les chercheurs nous annoncent des choses pas forcement très joyeuses, et on commence à voir, autour de nous et aux infos, que ce qu’ils annoncent commence déjà à se ressentir. On sait aussi que si on décide d’arrêter tout ça, il faudra plus de 150 ans avant que ça se calme… Mais de l’autre côté, on peut se dire que continuer comme si de rien n’était ne ferait qu’empirer les choses. Alors que faire? Toutes ces infos donnent l’impression qu’il vaut mieux ralentir le changement climatique. Mais est-ce si facile ?